Publié le 25.08.2022 à 11h01 par Arnaud Nicolas Mawel
Au moins cinq conseils municipaux répartis dans cinq régions du pays réclament ou ont obtenu la destitution de leurs maires, deux ans après leur élection. Un vent violent secoue et menace de renverser les magistrats municipaux dans plusieurs communes au Cameroun. La tornade portée et dirigée par les conseillers municipaux, est alimentée par des controverses autour des fonds publics. Gestion cavalière des finances locales, gestion opaque des finances, mauvaise gestion des centimes additionnels, gestion inappropriée des recettes municipales, corruption, sont des chefs d’accusation portés en série à l’encontre de plusieurs maires.
D’abord, le maire de Maroua 1er commune d’arrondissement de la ville de Maroua, département du Diamaré, région de l’Extrême-Nord. Les conseillers municipaux viennent d’essuyer une tentative de destitution de Hamadou Hamidou à la tête de la commune. Dans une requête adressée au préfet le 8 juillet 2022, ils ont programmé d’évincer le maire. Ils ont manqué l’opération en raison du rejet de la demande par le préfet du Diamaré. Motif, non-respect des exigences légales relatives à la destitution.
Ensuite, bien avant Maroua 1er, Yokadouma est en ébullition et la vapeur se dirige contre la maire Ernest Timothée Abono Mpoumbiel. Dans cette commune située dans le département de la Boumba-et-Ngoko région de l’Est, 27 conseillers municipaux sur les 39 ont requis la destitution du maire.
Selon notre confrère Africa top success, les motifs en sont l’opacité de la gestion financière et l’absentéisme au travail. Le personnel de la mairie, las de cumuler des arriérés de salaire, aligne des séries de grève. Le maire reste en fonction grâce à la diplomatie de son partie le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Enfin, à Eséka dans le département du Nyong-et-Kelle région du Centre, le maire Sylvain Tjock est menacé d’éviction depuis décembre 2020. Une fois au moins, les conseillers municipaux ont tenté de le destituer en vain. En 2021, 13 d’entre eux ont invité le préfet du département à une session du conseil auquel allait se dérouler la destitution du maire. A cause des manquements légaux, l’autorité administrative n’a pas donné avis favorable.
Le maire du Parti camerounais pour la réconciliation (Pcrn) est accusé de gestion cavalière des finances et mise à l’écart des conseillers municipaux. Ces derniers n’ayant abandonné leur action, ont incité le président du Pcrn, le député Cabral Libii à tenir une rencontre d’apaisement entre le maire et les conseillers mécontents.
Par ailleurs, en dehors de ces tentatives non concluant, au moins deux maires tombés sous l’effet du vent de destitution. Il s’agit du maire de Lagdo dans la région du Nord, le nommé Luc Kaga, destitué le 4 mars 2022, deux ans après les élections du 9 février 2022. C’est aussi le cas de Charles Kameni, chassé à la tête de la mairie de Banwa dans le département du Haut-Nkam région de l’Ouest, le 22 novembre 2020, moins d’un an après les élections municipales.
Comme ces deux-là, à l’allure où vont les réclamations, d’autres maires risquent de tomber en disgrâce avant les prochaines élections municipales prévues en 2025.