Précédemment enseignant au Département de sciences politiques et d’études internationales à l’Université de Tampa et au Hillsborough Community College aux Etats-Unis, Gyldas A. Ofoulhast-Othamot revient ici sur le régime d’Ali Bongo, vieux maintenant de 13 ans. Si ces années n’auront été qu’un grand désastre, selon lui , tout cela aurait pu être évité si chacun avait pris ses responsabilités depuis 2009, estime-t-il. À l’approche de la présidentielle de 2023, l’universitaire gabonais appelle à un «sursaut national » pour la mise à terme du régime d’Ali Bongo et l’instauration d’un leadership républicain, au service et à l’écoute du peuple gabonais tout entier.
Auteur de plusieurs contributions aussi bien scientifiques que destinées au grand public, Ofoulhast-Othamot enseigne maintenant au Department of Social and Behavioral Sciences and Human Services (SBSHS), St. Petersburg College, USA.
Le 16 octobre, cela fera treize ans que le Gabon est otage du nouvel autocrate « mal élu » Ali Bongo Ondimba. Après la fête funeste des dix ans de pouvoir (2009-2019) de celui que l’on aura appelé ailleurs le potentat « Émergent », cette treizième année arrive dans un contexte très particulier avec l’élection présidentielle de l’année prochaine.
Comme déjà en 2016, cette élection pivotale à venir donnera encore une fois à chaque compatriote l’opportunité d’évaluer la performance du nouvel autocrate « mal élu » gabonais à la tête de l’émirat pétrolier en déclin. Globalement, il est admis depuis longtemps que ce que l’on retiendra du règne plus que duodécennal de ce dernier, c’est le gâchis total. Un gâchis sur tous les plans : politique, économique, et social. Un retour sur ces années perdues pour le pays, sur les conséquences néfastes du règne du nouvel autocrate « mal élu », sur cette très désastreuse « décennie » gabonaise, s’impose.
Ce faisant, nous illustrerons à nouveau les enjeux cruciaux pour 2023 et, donc, l’urgence de démantèlement de la dictature gabonaise.
Inquiétant recul démocratique et gouvernance claudicante
D’entrée de jeu, s’il est vrai qu’il n’est nul besoin de revenir sur les conditions singulières d’accession à la présidence de la république gabonaise en 2009 comme en 2016 de l’autocrate « mal élu », car elles sont bien connues de tous, il est important de se rappeler que, dès le départ, Ali Bongo Ondimba avait annoncé sa volonté de changer le système politique hérité de son défunt père. Certains ont cru, ou voulu croire, à ses vaines promesses. Cependant, au bout du compte, tous auront été fortement déçus, car la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba se sera révélée être immature, anti-démocratique, revancharde, et inepte.
Dès octobre 2009, on aura assisté à un inquiétant retour en arrière vers le monopartisme de facto et le règne répressif de la pensée unique ainsi que la volonté d’établir, à rebours de l’histoire, la préséance du dictateur omnipotent, omniprésent, et omniscient.
En cela, l’autocrate « mal élu » aura été fortement aidé par une cour constitutionnelle obséquieuse, arbitraire, et anti-démocratique. Depuis 2009, cette dernière aura tout fait pour renforcer et perpétuer la dictature actuelle en approuvant tout projet de personnalisation approfondie de la loi « dite » fondamentale du pays. Plus récemment encore, redoutant la fin de ses privilèges mal acquis, cette cour aura dans un premier temps modifié par oukase cette constitution et ensuite cautionné, entre autres, l’absurdité d’un triumvirat à la tête du pays en cas de vacance de pouvoir.
Le résultat de toutes ces sinistres machinations de l’autocrate « mal élu » et de ses séides pour s’éterniser au pouvoir depuis 2009 est que, aujourd’hui, le système politique gabonais est des plus sclérosés.
Au lieu de l’apparition de nouveaux acteurs politiques résolument tournés vers l’avant, en presque treize ans de pouvoir de l’autocrate « mal élu », on aura assisté à l’arrivée d’une classe de personnes encore moins scrupuleuse de la gestion de la fortune publique. On sera ainsi passé des fameux « Émergents » qui dominèrent le premier septennat de la dictature d’Ali Bongo Ondimba, à plus récemment les « Volontaires » de l’AJEV. Le chef de file de cette dernière faction croupit actuellement dans les geôles de l’autocrate sans que cela n’émeuve véritablement personne tant il aura lui aussi abusé de son pouvoir usurpé pour réduire à néant toute personne, et contestation, autour de lui. Des décombres des « Volontaires », un nouveau groupuscule, toujours et encore plus ténébreux, aurait semble-t-il émergé, reléguant ainsi l’autocrate « mal élu » au rang de simple figurant.
Au-delà de ces guerres claniques, de manière globale, depuis 2009, et encore plus 2016, l’émirat pétrolier en déclin est englué dans une répression constante de toute velléité de soulèvement populaire. Tout mouvement populaire étant perçu comme une menace pour la dictature.
Cela explique pourquoi depuis 2009 la situation des droits humains au Gabon ne s’est pas améliorée. Il n’y a juste qu’à lire les nombreux rapports des organisations nationales et internationales de défense et promotion des libertés civiles. Pour tout et rien, des gabonais de tout sexe, peu importe leur statut social, croupissent dans les geôles de l’autocrate « mal élu ». Dans bon nombre de cas, les vrais fautifs eux défilent librement dans les rues du pays jusqu’à ce qu’éventuellement ils tombent aussi sous le couperet d’une police et justice aux ordres, non pas pour de véritables crimes commis mais pour satisfaire le besoin permanent de l’arbitraire de se nourrir de chair humaine pour exister et subsister.
Au-delà des restrictions grandissantes des libertés publiques et du retour de la volonté d’imposer la pensée unique comme modèle dominant d’expression politique, on s’attardera un moment sur la gouvernance immature étatique de l’autocrate « mal élu »». Des changements constants de premiers ministres depuis 2009 et le nombre sans cesse grandissant d’individus qui auront occupé les différents postes ministériels, qui eux-mêmes, selon les humeurs, changent constamment d’intitulés sans pour autant que l’on en voit des retombées tangibles, à la soi-disant réforme de l’administration publique, c’est la consternation totale.
L’inaptitude est tellement manifeste au niveau de la bureaucratie étatique où le projet d’agencification de l’État aura encore un peu plus déstabilisé une administration qui déjà au départ présentait des failles importantes dans l’accompagnement des opérateurs économiques et la délivrance des services publics vitaux aux usagers. Depuis 2009, on aura dépensé en temps et en argent pour une réforme inutile et mal avisée pour ensuite revenir à la case départ et avouer à demi-mot le fiasco comme nous l’avions récemment souligné dans la revue scientifique Public Administration and Development.
En lieu et place d’un projet global politique et administratif cohérent mené par un leader compètent, depuis 2009, on aura eu droit à un dictateur dilettante à la gouvernance claudicante et incompétente.
De la grosse « arnaque » de Gabon Émergent
Cette faillite politique des treize dernières années que nous venons d’analyser en cache une autre encore plus grave. Elle est centrée autour de l’économie et du fameux projet Gabon Émergent, aujourd’hui en totale désuétude.
Ainsi donc, malgré les slogans prometteurs du PSGE, depuis 2012, les fondements économiques du modèle rentier n’auront pas vraiment changé. Comme tout rebondissement ou toute chute, prévisible il faut bien le dire, du cours des matières premières l’illustrent bien, l’économie gabonaise reste toujours aussi dépendante des ressources pétrolières et minières. Il y a quelques années, le PNUD notait par exemple que le taux de croissance, du PIB réel, avait chuté, passant de 7,1% en 2011 à 5,1% en 2014, à 4% en 2015, pour tomber ensuite à 2,1% en 2016 et à 0,8% en 2017. Entre 2017 et maintenant, le PIB aura encore fluctué en fonction du cours des matières premières et de l’impact dévastateur planétaire de la pandémie de COVID-19.
De façon générale, le recours à l’endettement pour financer la prédation des ressources communes et un train de vie irresponsable et dispendieux de la dictature est devenu courant et permanent. On emprunte pour financer tout et rien et ensuite rembourser ce qu’on aura déjà emprunté. Selon l’économiste Mays Mouissi, de 1,291 milliards de FCFA en 2010, l’encours de la dette publique du Gabon serait passé à 6428 milliards FCFA en 2020. Selon ce dernier encore, en 2020, le taux d’endettement du Gabon se situait entre 72 et 76% du PIB alors qu’il était proche de 59% en 2019 et 39% en 2015. En janvier 2022, la dette publique gabonaise serait de 7000 milliards FCFA (11,9 milliards $) et représenterait 75 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.
Au niveau du chômage, un récent rapport de l’Union Européenne (UE) notait que « le taux de chômage officiel est resté élevé au Gabon, avoisinant les 20%, en partie en raison de la dépendance de l’économie au secteur pétrolier qui génère peu d’emplois, ainsi que des rigidités de la réglementation du travail et de l’inadéquation des compétences. Les chiffres sont particulièrement alarmants pour les femmes au Gabon. En effet, seules 30% d’entre elles environ sont représentées sur le marché de l’emploi ». La Banque Mondiale conclut que le taux de chômage au Gabon est parmi les plus élevés du continent Africain et « de nombreux emplois sont informels et non productifs ». Pas de quoi en être fier.
L’amélioration du climat des affaires pour les opérateurs économiques aussi bien nationaux qu’internationaux ainsi que l’augmentation de l’investissement étranger pour financer le développement du pays que Gabon Émergent avait promis relèvent de la pure fiction. Il n’y a qu’à relire les différents rapports Doing Business de la Banque Mondiale, aujourd’hui enterré pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le cas présent, au fil des ans pour se rendre compte que faire des affaires au Gabon s’apparente à un calvaire. En effet, fin 2021, le Gabon fut toujours dans le bas de tableau, 169eme sur 190 pays évalués dans Doing Business 2020.
À ce jour, nous sommes à trois années de l’orée 2025, du statut de pays émergent et de la « terre promise » de Gabon Émergent. Pourtant, dix ans après son lancement officiel, il a complètement disparu du discours officiel. La lobotomisation des consciences des promoteurs de l’émergence semble être complétée tant le sujet est rarement mentionné de nos jours. Même le Fonds Monétaire International (FMI) vers qui on se tourne inlassablement pour « emprunter » de l’argent afin de masquer le désastre duodécennal demeure sceptique, notant que « le volume et la composition de l’investissement public ne permettent pas de soutenir cette ambition ». On peut difficilement dire aujourd’hui que le pays est sur le chemin des fameux « tigres asiatiques » du siècle dernier.
In fine, qui peut croire aujourd’hui que le PAT (Plan d’Accélération de la Transformation) réussira là où le PRE (Plan de Relance de l’Économie) et le PSGE auront tous failli, surtout que de manière globale les mêmes acteurs clés, incohérences, et conditions générales existent, et persistent, encore ? Évidemment, personne n’est dupe.
Grâce à la grosse « arnaque » Gabon Émergent, le pays est économiquement paralysé et en pleine faillite. Le modèle national de rente économique en place depuis au moins la période coloniale est lui bel et bien vivant.
Dislocation sociale avancée
On ne saurait débattre de la situation catastrophique globale du Gabon sans s’appesantir sur ses problèmes sociaux. Ils sont si nombreux que l’espace nous manque ici pour les aborder tous en profondeur, surtout après deux années brutales et dévastatrices de la pandémie de COVID-19.
De prime abord, il faudra insister que malgré ses ressources importantes, le Gabon demeure un pays très inégalitaire. Ainsi, le PNUD dans son Rapport sur le développement humain 2020 observe que l’indice de développement humain (IDH) du Gabon en 2019 était de 0.703, plaçant le pays dans la catégorie « développement humain élevé » et au 119e rang parmi 189 pays et territoires. Pourtant, lorsque l’on tient compte des inégalités, l’IDH du Gabon chute de 22.6 % pour s’établir à 0.544. Nul doute que depuis lors les inégalités de tout genre ont amplifié sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs tels que l’incohérence des politiques publiques, l’instabilité des revenus pétroliers, et les mesures restrictives liées à la pandémie de COVID-19.
À cet effet, en parlant de santé publique, l’émergence avait bâti son programme sur sa capacité à redynamiser ce secteur vital avec la construction de nouveaux hôpitaux « modernes » et la mise en place d’une véritable politique nationale préventive et curative. Or, plus de douze ans après, le bilan est plus que décevant. Entre les nombreuses coupures d’eau potable et d’électricité ainsi que le manque d’équipements de base, on meurt pour tout et rien au Gabon.
La Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), dixit « l’élément moteur de la politique sociale » nationale est « vomie » de part et d’autre, incapable d’honorer ses engagements financiers. Pourtant, elle était censée être la pierre angulaire du système d’assurance maladie au Gabon. Plus inquiétant encore, la faillite récente de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), dont l’ambition était de « mieux vous servir », le « vous » étant indéfini et sujet à de multiples interprétations, le régime gabonais de sécurité sociale a essentiellement disparu.
Globalement, au niveau des conditions de vie générale de la population gabonaise, le déclin se poursuit. Le Rapport sur l’Évaluation de la Pauvreté au Gabon de la Banque Mondiale observe qu’en 2017, un Gabonais sur trois vivait dans la pauvreté et environ un Gabonais sur dix souffrait d’extrême pauvreté. L’impact économique et social d’une telle catastrophe est apparent pour tous. La diminution de la pauvreté, dont le taux selon le système des Nations Unies au Gabon atteignait en juin 2020 presque 33%, et de son impact social aurait pu être achevée par la mise en place d’une véritable politique du secteur de l’éducation axée sur une adéquation formation-emploi. Or, ce n’est pas le cas.
L’école et l’université gabonaise, la clef de tout processus de développement et de croissance économique, ne produisent plus vraiment rien. Elles sont presque devenues des voies sans issue. Le dernier exemple du nivellement par le bas avec l’affaire ratée du « passage dans l’enseignement secondaire avec 9,5/20 » illustre bien cette triste réalité.
Les dégâts de l’affaissement du système éducatif national, l’échec scolaire commençant dès le primaire, vont bien au-delà de celui-ci. Ses effets néfastes se font malheureusement sentir sur la capacité des diplômés à trouver de l’emploi une fois leur cursus terminé. Il faut le dire tout simplement, les formations offertes par le système éducatif gabonais dans son ensemble ne sont pas adaptées au marché de l’emploi comme l’indiquait le Rapport sur l’Évaluation de la Pauvreté au Gabon de la Banque Mondiale, précédemment cité.
Les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement touchés par le problème général de l’emploi et voient ainsi leur futur durement compromis. En 2009, cette jeunesse avait eu le malheur de croire en la promesse d’un « avenir en confiance » du candidat Ali Bongo Ondimba. Aujourd’hui, sous son potentat « émergent », elle se retrouve encore plus désœuvrée. Le pays, lui après presque treize ans « d’émergence », est à terre.
Dans un tel contexte, « tourner la page » de ces années sombres au plus vite devient plus qu’impératif.
2023 : un ultime rendez-vous historique à ne pas manquer
Selon l’enquête African Youth Survey 2022 de la Fondation Ichikowitz, 64% de jeunes gabonais et gabonaises interrogés en 2021 pensaient que le pays était sur la mauvaise direction. Ce constat général et manifeste d’un pays à la dérive est à rebours de ce que le régime de « l’émergence » avait promis au lendemain de la disparition du vieil autocrate.
Au lieu d’un pays prospère et au futur prometteur, presque treize ans après sous le régime de « l’émergence », le pays est exsangue, disloqué, retourné contre lui-même, et fragilisé de toute part. L’imposture aura bien eu un coût. Pourtant, il en aurait pu être autrement si le pays avait à sa tête un leadership compétent et républicain.
À cet effet, il faudra réitérer que beaucoup d’entre nous avions supporté le président « élu » Jean Ping non pas parce qu’il représentait une sorte de messie qui devait régler les problèmes du pays d’un coup de baguette magique, mais plutôt parce qu’il semblait représenter une porte de sortie, une sorte de brèche ouverte, vers un Gabon plus cohérent et républicain.
On ne cessera de le répéter, le Gabon mérite beaucoup mieux que l’ineptie et la gouvernance « claudicante » du gouvernement de « l’émergence ». Plus que l’arbitraire, l’absurde demeure le propre de la dictature. Et c’est à cela que l’on aura assisté depuis bientôt treize ans déjà.
C’est pourquoi, en 2023, comme en 2016, 2005, 1998, et bien avant aussi, l’enjeu demeure le même : se débarrasser véritablement de la dictature et de la main mise d’une seule famille sur la république gabonaise. Cette main mise aux conséquences désastreuses et visibles pour tous doit être remplacée par un pouvoir républicain et démocratique basé sur l’onction « collective » de l’ensemble du peuple gabonais pour enfin construire un réel État de droit, soucieux et respectueux des droits humains de TOUS.
Dans ce combat pour l’émancipation du peuple gabonais tout entier, nous devons nous garder de juger nos compatriotes qui, en cours de route, auraient abandonné le combat pour la démocratie et la liberté au Gabon. Leur choix, quel qu’il soit, et même si on le réprouve intrinsèquement, doit être respecté. Tout ça pour dire qu’il faudra prendre gare à remplacer la dictature des Bongo par une autre, encore plus absurde et pernicieuse.
Pour finir, le moment venu, si tel est le choix collectif, nous soutiendrons le candidat ou la candidate unique de l’opposition pour la présidentielle de 2023, puisque c’est bien là-bas où nous nous dirigeons pour tenter de démêler l’écheveau.
Cependant, la stratégie de sortie de la dictature doit être claire pour tous dès maintenant. Elle ne doit pas être laissée à la providence. Les enjeux actuels et futurs pour le pays sont trop importants pour cela quand on fait face à un pouvoir d’État malhonnête et des juges « constitutionnels » malheureusement toujours aussi obséquieux, incapables de voir au-delà de leurs sinécures et intérêts personnels.
Gyldas Ofoulhast-Othamot, Ph.D.
L’auteur enseigne au Department of Social and Behavioral Sciences and Human Services (SBSHS), St. Petersburg College, USA. Il a précédemment enseigné au Department of Political Science and International Studies, University of Tampa, USA et dans d’autres universités américaines. Il est l’auteur de plusieurs contributions aussi bien scientifiques que destinées au grand public.
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