SOS Prisonniers Gabon a saisi le Commandant en Chef de la Sécurité Pénitentiaire suite à la mort d’un prisonnier et la séquestration de sa dépouille à l’hôpital militaire
Ce jeudi 27 octobre 2022, nous avons saisi le Commandant en Chef de la Sécurité Pénitentiaire, suite au décès du prisonnier Akoulou Mintsa Dany Daniel et dont la dépouille se trouve toujours à la morgue de l’hôpital militaire.
En effet, feu Akoulou Mintsa Dany Daniel, âgé de 26 ans avait été incarcéré à la prison centrale de Libreville depuis décembre 2021 , condamné à 2 ans de prison ferme pour vol .
Selon sa famille et plusieurs témoignages , Akoulou Mintsa Dany Daniel ne souffrait d’aucunes pathologies et n’avait pas d’antécédents de santé lors de son incarcération en 2021.
Cependant, le lundi 17 octobre 2022, vers 19h, la famille du détenu Akoulou Mintsa Dany Daniel a reçu un appel téléphonique de la part du médecin de la prison centrale, demandant à la famille de se rendre en urgence à la prison centrale de Libreville.
C’est ainsi que dès mardi 18 octobre, un membre de la famille va se présenter à la prison, il va alors être informé que Akoulou Mintsa Dany Daniel est dans un état critique, qu’il devait être évacué dans une structure sanitaire pour bénéficier des soins appropriés et que la prise en charge doit se faire par la famille. Mais ce jour-là, la famille n’ayant pas d’argent, a donc rebroussé chemin.
C’est finalement le mercredi 19 octobre qu’un autre membre de la famille va se présenter au niveau de l’infirmerie de la prison centrale, il va trouver son parent Akoulou Mintsa Dany Daniel allongé sur une civière sans soins, dans un état très critique, Akoulou Mintsa avait déjà même perdu l’usage de la parole, il n’arrivait plus à se mettre debout sur ses deux pieds.
Le médecin présent ce jour, va alors expliquer que Akoulou Mintsa Dany Daniel serait atteint de la tuberculose et qu’il faut le transférer dans un hôpital. Le médecin va même demander à la famille d’appeler des connaissances qui travaillent dans un hôpital afin de recevoir le patient.
Quelques minutes après, Akoulou Mintsa Dany Daniel est donc transféré à l’hôpital militaire à bord de l’ambulance de la Prison Centrale. Mais une fois à l’hôpital militaire, l’administration pénitentiaire va totalement se désengager des frais de santé du détenu. La prise en charge est donc prise par la famille, qui va payer les premières ordonnances et autres.
Mais les médecins de l’hôpital militaire dès l’arrivée de Akoulou Mintsa Dany Daniel, avaient déjà tenu à dire à la famille que le pronostic vital de Akoulou est engagé, qu’il faudrait un miracle qu’il se relève de ses deux pieds. Dimanche 23 octobre 2022, le miracle ne va malheureusement pas se produire, le jeune prisonnier est passé de vie à trépas.
Jusqu’à ce jour, sa dépouille se trouve toujours à la morgue de l’hôpital militaire, la structure hospitalière exige le paiement des frais d’hospitalisation afin de transférer la dépouille dans une pompe funèbre. Mardi 25 octobre 2022, la famille a rencontré le Directeur de la prison centrale de Libreville, pour lui expliquer la situation. Mais ce dernier a dit à la famille que l’administration pénitentiaire n’a pas de budget pour ce genre d’action.
La dépouille est donc toujours à la morgue de l’hôpital militaire pour défaut de paiement.
SOS Prisonniers Gabon, rappelle que la Règle 24. 1 de l’Ensemble des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus prévoit que « L’État a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus, ceux-ci devant recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société et avoir accès aux services nécessaires sans frais et sans discrimination fondée sur leur statut juridique « .
L’arrêté 0018 portant règlement intérieur des établissements pénitentiaires au Gabon affirme également que les détenus doivent bénéficier des soins de santé appropriés.
Malheureusement ces dispositions ne sont pas respectées en milieu carcéral. Avoir accès à la santé ou rencontrer un médecin à la prison centrale semble être un luxe réservé exclusivement à une catégorie des détenus. Quand un détenu crie qu’il est malade, il n’est pas pris au sérieux, les agents pensent que c’est un alibi pour le détenu pour être libéré. D’autres agents n’hésitent pas de répondre » Tu es un prisonnier, tu peux mourir ici « .
La Mort de Akoulou Mintsa Dany Daniel remet au goût du jour, le problème de la négligence médicale en milieu carcéral : pourquoi c’est seulement lundi 17 octobre que le médecin de la prison a téléphoné à la famille pour l’informer de l’état de santé d’Akoulou Mintsa ? Pourquoi c’est seulement le mercredi 19 octobre 2022 qu’il a été transféré dans une structure hospitalière sachant qu’il était très souffrant depuis plusieurs mois? Pourquoi l’administration n’a pas pris en charge les soins de santé de ce détenu ? Combien de détenus doivent mourir à cause de cette négligence ?
Sans oublier les mauvaises conditions de détention, la surpopulation carcérale, Akoulou Mintsa était détenu au premier quartier, depuis un an il dormait sur un bidon comme d’autres détenus par manque de places.
Si Akoulou Mintsa Dany Daniel avait été vite pris en charge et avait bénéficié des soins de santé de qualité et appropriés, on aurait peut-être évité cette disparition. La vie est sacrée, raison pour laquelle les autorités gabonaises ont abolit la peine de mort au Gabon.
SOS Prisonniers Gabon sollicite donc l’ouverture d’une enquête interne afin de déterminer les circonstances ayant retardées la prise en charge sanitaire de Akoulou Mintsa Dany Daniel .
SOS Prisonniers Gabon a toujours proposé que les détenus soient immatriculés à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), ceci pourrait faciliter l’accès à la santé et la prise en charge rapide des détenus.
La dépouille du prisonnier Akoulou Mintsa Dany Daniel est désormais séquestrée à la morgue de l’hôpital pour défaut de paiement. SOS Prisonniers Gabon, demande également à l’administration pénitentiaire de bien vouloir prendre en charge les frais d’hospitalisation du détenu afin que sa dépouille soit transférée dans une pompe funèbre et qu’il bénéficie des obsèques dignes, car, c’est de la responsabilité de l’Etat de prendre en charge les détenus y compris ceux qui trouvent la mort durant leur détention.
SOS Prisonniers Gabon, prend part à la douleur de la famille Akoulou Mintsa et nous vous présentons nos sincères condoléances.
SOS Prisonniers Gabon, pour le respect des droits à la vie et à la santé en milieu carcéral
HUMANISONS LES PRISONS.
Source : SOS Prisonniers Gabon
