Dénonçant les «calculs politiciens», Stéphane Iloko Boussengui affiche son scepticisme quant à la capacité du Parti démocratique gabonais (PDG) à aborder la prochaine présidentielle en rangs serrés, avec méthode et stratégie.
Dans un exercice de flagornerie, l’ancien porte-parole du Parti démocratique gabonais (PDG) accuse ses coreligionnaires de manquement à la solidarité et à la discipline, implorant «très respectueusement (…) le DCP (Distingué camarade président) Ali Bongo (de siffler) la fin des hostilités pour que tous ses soutiens se remettent au travail afin de préparer dans la plus grande sérénité l’échéance électorale majeure qui se profile à l’horizon 2023.» Si l’on comprend bien, Stéphane Iloko Boussengui dénonce des opérations de guerre fratricide au sein du PDG. Il y voit une cause de désunion, d’immobilisme et d’atonie. N’y allant pas avec le dos de la cuillère, il affiche son scepticisme quant à la capacité des siens à aborder la prochaine présidentielle en rangs serrés, avec méthode et stratégie. Il aurait cherché à décrire une situation apocalyptique, il n’aurait pas tenu un autre discours. Il aurait voulu parler d’implosion, de bataille de chiffonniers ou de navigation en eaux troubles, il ne se serait pas pris autrement.
Déficit de légitimité
Flagorneur, l’ancien porte-parole du PDG se réfugie derrière Ali Bongo, présenté comme la victime de ce «coup de trop ou coup de plus.» Faisant montre d’un zèle certain, il se pose en garant de la ligne politique, brandissant la charte des valeurs pour mieux asséner ses coups. Ne lui en déplaise, sa sortie ne relève ni d’une «obligation de loyauté et de fidélité» ni d’une volonté de protéger les «intérêts de (sa) grande famille politique.» Elle vise plutôt un objectif à la fois simple et personnel : l’investiture à la législative partielle prévue sur le premier siège du département de l’Ogoulou (Mimongo). En revenant sur l’élection d’octobre 2018, Stéphane Iloko Boussengui fait d’une pierre deux coups : tout en jouant la carte de la victimisation, il fait étalage de sa capacité de nuisance, au cas où il ne serait pas choisi. Chantage. Rien de plus ni de moins…
Pour autant, cette sortie montre combien le PDG est victime ses errements. En commentant les récentes déclarations du porte-parole du gouvernement, l’ancien porte-parole du PDG cherche à établir une jurisprudence : si Alain-Claude Billié-By-Nzé n’a pas été recadré, il doit en être de même pour lui. Autrement dit, il demande à la direction de son parti d’écouter et de se taire. En creux, il la somme d’entendre et d’agir en conséquent. Mieux, en s’épanchant sur les dernières nominations, il pointe le déficit de légitimité de l’actuelle équipe dirigeante. «Le (09 mars 2022), l’ancien directoire du parti découvrait, comme tous les militants, sur les réseaux sociaux, le communiqué annonçant son départ à moins de (…) 72 heures de la célébration du 54ème anniversaire», rappelle-t-il, comme pour inviter la direction à convoquer un congrès de légitimation. Tirant leur pouvoir du seul fait du prince, Noureddin Bongo Valentin, Steeve Nzegho Dieko et leurs collaborateurs apprécieront.
«Eternels profito-situationnistes»
Accusant son parti de faire la part belle aux «calculs politiciens qui (…) transforment (les militants) en d’éternels profito-situationnistes», Stéphane Iloko Boussengui n’en comprend plus le fonctionnement. Le PDG a beau se vanter d’avoir absorbé le Rassemblement pour la restauration des valeurs (RV) et les Socio-démocrates gabonais (SDG), il voit en ces partis dissouts des regroupements de «camarades (…) aux intentions difficilement compréhensibles, se comportant comme une bande de mercenaires politiques en mission commandée». Le PDG a beau se targuer de dominer l’Assemblée nationale, il l’accuse de s’être laissé dynamiter par la défunte Association des jeunes émergents volontaires (Ajev), responsable supposé du départ de «près de 85% des effectifs issus du (…) congrès de la Régénération et de la Revitalisation.» Au-delà, il reproche aux siens d’avoir rompu avec «le nouveau style de travail (…) basé (…) sur la concertation et la consultation.»
En tournée dans Libreville, le secrétaire général du PDG exhorte la base à en finir avec ses «turpitudes.» Dans le même temps, il menace de «virer certaines personnes qui se croient intouchables, qui se disent avoir des titres fonciers.» Comment va-t-il aborder le cas Iloko Boussengui ? S’il fait mine de n’avoir rien entendu, il apportera la preuve de son impuissance, au risque de donner des idées à d’autres militants frustrés. S’il sévit, il laissera le sentiment de faire dans le deux poids, deux mesures ou de chercher à se légitimer en sombrant dans l’autoritarisme. Peu importe l’option retenue, rien n’est à son avantage, le PDG étant à bout de souffle, usé par sa longévité au pouvoir et ringardisé par sa pratique politique. A quelques encablures de la prochaine présidentielle, tout cela n’a rien de rassurant.
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