Médecins Sans Frontières (MSF) invite les pays européens et nord-américains à accélérer de toute urgence l’évacuation des personnes qui vivent dans des conditions inhumaines en Libye.En Libye, les candidats à l’émigration clandestine, venus principalement de l’Afrique subsaharienne, souffrent le martyre. Dans un communiqué parvenu ce lundi à APA, MSF tire la sonnette d’alarme.
« En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée est parfois leur seule échappatoire », explique Claudia Lodesani, responsable des programmes en Libye pour MSF, citée par la note.
Depuis 2016 et le début de son intervention humanitaire auprès de personnes migrantes en Libye, MSF affirme avoir été confrontée, de façon répétée, à l’impossibilité de les protéger, à l’intérieur comme à l’extérieur des centres de détention, et de garantir la continuité des soins pour celles et ceux qui présentent les troubles physiques et mentaux les plus graves, notamment les victimes de torture.
C’est pourquoi, elle appelle les pays occidentaux à agir à travers le renforcement des mécanismes de secours existants et l’ouverture de voies de sortie alternatives.
« Nous pensons que les pays sûrs, notamment au sein de l’Union européenne, qui financent depuis des années les garde-côtes libyens et encouragent le retour forcé des migrants vers la Libye ont, au contraire, le devoir de faciliter la sortie et la protection, sur leur sol, de ces personnes victimes de violence », estime Mme Losiane.
Dans son rapport intitulé « Out of Libya » publié ce lundi, MSF décrit la faiblesse des mécanismes de protection existants pour les personnes bloquées en Libye. Selon l’ONG française, les rares voies de sortie légale vers des pays sûrs, mises en place par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) sont très lentes et restrictives.
A en croire MSF, seules les personnes de neuf nationalités sont prises en compte pour l’enregistrement auprès de ce service du HCR difficilement accessible et quasiment inexistant en dehors de Tripoli et dans les centres de détention. Le nombre de places dans les pays de destination est aussi très limité.
« En 2021, seules 1 662 personnes ont pu quitter la Libye via les mécanismes de réinstallation du HCR sur environ 40 000 personnes inscrites, et environ 3 000 personnes via le programme de retour volontaire de l’OIM. Au total, on estime à 600 000 le nombre d’exilés présents dans le pays », soutient MSF.
Ce rapport présente également des solutions alternatives, en particulier celles qui peuvent être mises en place par les organisations de secours et les gouvernements.
En Italie, un corridor humanitaire a déjà été ouvert et permet la sortie d’un certain nombre de personnes en situation de grande vulnérabilité et ayant besoin de protection, notamment des patients de MSF en Libye.
Ce type de mécanismes, plaide l’ONG sanitaire, doit pouvoir être dupliqué dans d’autres pays sûrs. En France, des discussions sont en cours avec les autorités afin d’évacuer des survivants de torture, de violence et de détention, ainsi que des personnes présentant de graves pathologies médicales, informe-t-elle, ajoutant que ces personnes feraient l’objet d’un suivi spécifique de MSF à leur arrivée dans le pays d’accueil.
« La prise en charge médicale de personnes détenues arbitrairement et indéfiniment, ou à risque de subir des violences systématiques, pose de nombreux dilemmes. Nos possibilités d’actions sont, de fait, limitées. Pour réellement protéger les personnes les plus vulnérables, il faut avant tout, et de toute urgence, les sortir du système de détention et du pays », explique Jérôme Tubiana, responsable de plaidoyer en Libye pour MSF.
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