Gabon : Le Conseil d’État «sauve et rétablit» l’honneur de Me Eyué Békalé

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Suspendue le 23 mai pour trois mois par le Conseil de l’ordre des avocats, Me Gisèle Eyué Bekalé a introduit au Conseil d’État un recours qui a prospéré en sa faveur. Cette décision a été annulée et l’avocate rétablie dans ses droits et dans son honneur. Ce qui a fait réagir l’intéressée : «le Conseil d’État a annulé cette décision parce qu’elle était injuste». Et d’ajouter amère : «on m’a suspendu parce que j’ai fait un recours contre la décision du Conseil de l’ordre des avocats qui interdisait aux avocats de prendre part aux sessions criminelles en cours et à venir».

Maitre Gisèle Eyué. © Gabonreview

 

Réagissant à la décision du Conseil d’Etat, du 27 juin, annulant sa suspension de trois mois, prononcée le 23 mai dernier par le Conseil de l’Ordre des avocats, Me Gisèle Eyué Bekalé, est revenue sur les tenants et les aboutissants de cette affaire visiblement née de la détention de leur collègue, Me Iréné Mze Mba, accusé d’avoir escroqué 700 millions de francs CFA à Sogara. Au moment de sa suspension, elle a été accusée d’avoir «porté atteinte à l’honneur et à la considération de la profession». Ce qu’elle réfute catégoriquement assurant que la loi lui donne droit de contester une décision de l’Ordre.

Le fond de toute cette affaire, explique Me Eyué, est d’avoir contesté la décision interdisant les avocats de plaider lors de la session criminelle. «J’ai fait ce recours parce que cette décision me portait grief. Elle m’empêchait de plaider, d’exercer librement ma profession et si le bâtonnier avait besoin d’une telle décision, il aurait dû convoquer l’assemblée générale pour que les avocats lui donnent leur quitus», a-t-elle fait savoir, regrettant de même le fait que «les avocats bandits» ne soient pas suspendus alors qu’elle l’a été pour «avoir fait un recours prévu par la loi».

L’avocate souligne qu’elle a trouvé anormal qu’on puisse mettre un avocat en prison sans que le bâtonnier n’en soit informé. «J’ai été surpris que deux ou trois jours après, le procureur de Port-Gentil sort et fait une conférence de presse et démontre que le bâtonnier était informé. Le bâtonnier était informé, preuve à l’appui», a-t-elle dit au sujet de l’affaire Iréné Mzeui Mba. Elle précise que lorsqu’elle s’est rendu compte que «le bâtonnier était informé», elle dit n’avoir pas compris pourquoi il a soutenu qu’il ne l’était pas, «parce que notre loi ne dit pas comment il doit être informé. On dit qu’il doit être informé c’est tout !».

«Je n’ai fait qu’exercer un droit reconnu par la loi et la Constitution…»

«Lorsqu’ils ont décidé de faire grève, ils ont interdit aux avocats de participer aux sessions criminelles en cours et à venir. Les magistrats aussi se sont aussi fâchés. Ils ont décidé de ne plus recevoir les avocats aux audiences correctionnels, prudhommales, sociales, etc. Il y a donc eu un blocage», a-t-elle poursuivi. Me Eyué fait aussi remarquer que «les magistrats ont riposté parce qu’ils se sont rendus compte que le bâtonnier ne disait pas la vérité». «Le bâtonnier nous a servi quelque chose qui n’est pas exact», a-t-elle déclaré et de rappeler encore que la loi l’autorise «à contester une décision du Conseil de l’ordre lorsqu’elle est contraire à la loi ou lorsqu’elle sort des attributions du Conseil de l’ordre».

A ce propos, elle invoque l’article 62 de la loi n° 13/2014 du 7 janvier 2015 fixant le cadre de l’exercice de la profession d’avocat en République gabonais. Elle stipule que «tout délibération étrangère aux attributions du Conseil de l’ordre ou contraire à la loi peuvent faire l’objet d’un recours porté devant le Conseil d’Etat soit à la diligence de tout membre du membre soit à celle du ministre chargé de la Justice et ce, dans un délais de un mois à compter de la date de la délibération litigieuse». «J’ai donc le droit. N’importe quel avocat a le droit de contester les décisions de l’Ordre», a-t- elle insisté.

«Je n’ai fait qu’exercer un droit reconnu par la loi et la Constitution qui est la loi suprême de notre pays», a fait savoir Me Gisèle Eyué, regrettant amèrement sa suspension, mais aussi le fait que le Conseil de l’ordre assure que «l’ordonnance du Conseil de l’Ordre portant suspension provisoire n’est pas susceptible de recours». «L’avocat suspendu ne peut faire appel que de la décision du Conseil de discipline», dénonce-t-elle, estimant qu’il s’agit d’une «une hérésie juridique dès lors que l’article 62 de notre loi prévoit que les décisions du Conseil de l’Ordre peuvent faire l’objet d’un recours».

Pour elle, procédant de la sorte, «ils veulent que l’avocat purge sa peine et c’est à ce moment qu’il peut faire appel et ils rendent la décision du Conseil de discipline le jour anniversaire des 3 mois de peine. C’est vraiment grotesque». «On me convoque, on me poursuit parce que j’ai eu le culot de contester une décisions de l’ordre qui me porte grief parce que je ne peux plus plaider ? Il aurait dû appeler tous les avocats en Assemblée générale parce qu’elle est souveraine. Il aurait posé le problème et on aurait voté», a-t-elle encore regretté.

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