Ayant écarté de ses rangs un trio considéré comme des trublions, les responsables du Mouvement de redressement national (Morena) ont organisé, le 8 juillet dernier, à Libreville un congrès ordinaire. Le lendemain, les trois membres mis à l’écart ont répliqué, organisant un congrès extraordinaire. Un bicéphalisme qui menace la stabilité de cette formation politique de l’opposition.
À l’occasion d’un récent Conseil national, le président du Mouvement de redressement national (Morena), Thierry Ondo Assoumou, s’était insurgé contre des militants ayant des postes de responsabilité, mais qui brilleraient «par un comportement démissionnaire en tout lieu et en toute circonstance» de la vie de ce parti de l’opposition. Puis, s’en est suivi un Congrès, le 8 juillet dernier, qui a permis des réajustements, de même que des sanctions contre trois responsables du parti.
Le lendemain, le trio a organisé un congrès extraordinaire pour dénoncer les agissements du leader de cette écurie politique et élire un autre.
Visiblement, le Morena est secoué par une guerre de leadership qui ne dit pas son nom, au point qu’il est en train d’aboutir à la scission de cette formation politique, l’une des plus anciennes du pays. Au terme du congrès conduit par Thierry Ondo Assoumou, plusieurs points à l’ordre du jour ont été adoptés. Il s’agit notamment du changement de logo, de «la modification des statuts pour un arrimage au temps», mais aussi de «décider solennellement et définitivement sur les cas d’indisciplines constatés par le Conseil national». Les délégués ont de même entériné la suppression du Conseil politique permanent, le remplaçant par le Haut Conseil des sages, tandis que le mandat du président est passé de 5 à 7 ans.
Samuel Mendou Nguema, José Gildas Kombila Kombila et Mathurin Ona ont, quant à eux, été sanctionnés pour avoir «décidé d’organiser leur congrès au mépris des dispositions statutaires». Peine perdue puisque le 9 juillet, ils ont, organisé un congrès extraordinaire, notamment pour dénoncer les actes posés par leurs anciens camarades et formuler une vingtaine de recommandations prioritaires, concernant la fiabilité du processus électoral, à remettre aux autorités gabonaises.
Commentant le changement de logo, ils estiment qu’«il s’agit d’une faute grave, voire impardonnable», tout comme la suppression du Conseil politique permanent, dont la mission est de veiller au respect de l’idéologie du parti et de garantir le fonctionnement régulier de ses activités, ne saurait se faire même si tant est qu’il devait être remplacé par un autre organe.
Le trio contestataire a dénoncé la «nouvelle» ligne de du parti qui selon eux, a de plus en plus d’accointances avec le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir). Et comme une réponse du berger à la bergère, au terme des travaux, Samuel Mendou Nguema a été élu, à son tour, président du Moréna, avant l’exclusion définitive de Thierry Ondo Assoumou. «Nous ne lâcherons pas et nous ne cèderons pas au chantage de certains d’entre nous qui veulent la mort de notre parti. Nous savons que le tyran ne tire son pouvoir de nuisance que sur les faiblesses de notre résistance», a fait savoir Mathurin Ona.
C’est donc parti pour un bras de fer qui devrait certainement se poursuivre devant les tribunaux tout en ruinant ce qu’il reste de ce parti quarantenaire, ayant participé à l’écriture de l’histoire du pluralisme politique au Gabon.
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