Les agents en service à TéléAfrica, une chaîne de télévision privée gabonaise, sont sans salaire depuis dix mois. Chaîne généraliste, parmi les pionnières en la matière en Afrique, au sud du Sahara, ce média appartenant à la famille du président de la République traverse un couloir sombre depuis.
Un plateau de TéléAfrica, en juin 2021. © Facebook
TéléAfrica qui offrait à une époque une programmation variée, alléchante, avec de l’information nationale de qualité, des magazines, reportages, émissions de divertissement, mais aussi des films, n’est plus que l’ombre d’un réel média. Confronté à de nombreux dysfonctionnements, cette télévision privée dont le président du Conseil d’administration n’est autre que Pascaline Mferri Bongo, la sœur d’Ali Bongo Ondimba, n’arrive plus à payer les salaires de ses employés. Ces derniers totalisent, à ce jour, 10 mois d’impayés et dénoncent le silence qui entoure cette affaire.
Si jusqu’alors, les agents de ce média ne sont pas encore entrés en grève ou n’ont pas organisé de manifestations pour dénoncer la situation, c’est juste parce qu’ils ne veulent pas «nuire à la réputation et à l’honneur des promoteurs et par ricochet au chef de l’État». «Les employés sont là, abandonnés, espérant et ne voulant pas souiller l’image honorable du chef», a déclaré sous anonymat l’un des employés.
Selon un agent, «plusieurs agents se retrouvent à vivre comme des Sans domiciles fixes (SDF). Leurs affaires séquestrées par les bailleurs, leurs enfants déscolarisés, leur couple partant en vrille». «Mais, ils continuent de faire confiance aux propriétaires de l’entreprise», ajoute-t-il faisant remarquer que «depuis des années, Madame Pascaline Bongo fait office de présidente du Conseil d’administration».
«Jusqu’à présent, le personnel n’a jamais été informé d’un quelconque changement. C’est à elle que sont adressés tous les courriers à travers lesquels les agents demandent une sorte d’explication de la situation. Ces lettres lui ont été adressées, mais aussi à son frère qui, aujourd’hui, assume la fonction suprême», a indiqué cet agent qui souligne également qu’ils n’ont aucune preuve du fait que «ces correspondances sont arrivées à son niveau» parce qu’ils n’ont pas eu de «retour satisfaisant».
Globalement, les employés totalisent 10 mois sans salaire. «Les employés ne survivent que grâce aux toutes petites recettes publicitaires et autres dons qui arrivent à l’entreprise. Parce que pour accéder même au portefeuille des annonceurs, c’est difficile et on ne sait pas ce qu’il se passe. Beaucoup sont aujourd’hui submergés par les dettes». Cependant, «chaque travailleur s’emploie à respecter son devoir professionnel, à faire correctement son boulot et rentre chez lui».
Si la situation des agents est précaire, celle du plateau technique le serait tout autant. Le matériel est vieillissant et demande un renouvellement intégral. Une situation qui met à mal le fonctionnement de cet outil de communication du groupe TV Sat et surtout, la vie sociale des journalistes qui se sentent humiliés.
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