Fonction publique : État stationnaire, motus et bouche cousue

Avancements automatiques, reclassement après stage, arrimage du système des retraites au nouveau système des rémunérations… rien ne fonctionne ministère de la Fonction publique, encore moins la reprise des cours à l’ENA et à l’EPCA. C’est l’état stationnaire total. L’opinion reste circonspecte devant un tel manque de résultats d’une ministre pourtant coptée du secteur privé.

Madeleine Edmée Berre, ministre de l’Emploi, de la Fonction publique et du Travail. © Gabonreview

 

Mais pourquoi donc la machine est-elle bloquée ? En 2018, le gouvernement avait décidé de «geler pour trois ans tout recrutement, avancement, reclassement et mise en stage». Les fameux trois ans sont bien passés, et rien n’est toujours fait par l’administration Berre pour reprendre ce process si important dans la carrière des agents publics. «Circulez, y a rien à voir !», semble dire le ministre de l’Emploi, de la Fonction publique et du Travail.

Depuis quelque temps, Madeleine Edmée Berre a perdu non seulement le porte-parolat du gouvernement, mais aussi le Dialogue social et la Formation professionnelle. S’apparentant à de l’apathie, sa gouvernance justifierait-elle ces pertes successives de pans entiers de son département ministériel ?

À Lambaréné plutôt qu’au Boulevard Triomphal Omar Bongo

Madeleine Berre n’est, en tout cas, pas au front. On l’attendait en front-office, on ne l’y voit presque pas. En réalité, elle ne s’y trouve plus. L’élue de Lambaréné, trop occupée à faire des dons de kits scolaires dans son fief (sans doute pour préparer les prochaines élections législatives d’octobre 2023) paraît absente de ses tâches gouvernementales au Boulevard Triomphal Omar Bongo !

Depuis 2021, seuls ceux qui battent le bitume ont vu leurs textes avancer. En temps normal, les choses s’effectuent automatiquement. Dans la maison, les responsables n’attendent que son signal pour lancer les opérations. Si des blocages sur le plan financier étaient la cause de cet état stationnaire, le ministère aurait communiqué dessus. S’il était question d’un «feu rouge» des institutions financières internationales, le ministère des fonctionnaires aurait prolongé la période du gel. Mais que voit-on dans le réel ? Une forme d’apathie fonctionnelle et une absence flagrante de résultats de la part d’une personnalité pourtant issue du secteur privé. Une action illisible. Plutôt un manque d’action face à des problèmes sociétaux.

L’addition est élevée

Le nécessaire arrimage des retraites au nouveau système des rémunérations ? Motus et bouche cousue. La descente dans la rue des retraités en raison de leur mal-être ? Motus et bouche cousue. Les avancements automatiques de près de 59.600 agents publics (sur les 94.000) ? Motus et bouche cousue. La reprise de la formation à l’Ecole nationale d’administration (ENA) et à l’Ecole de préparation aux carrières administratives (EPCA) ? Motus et bouche cousue.

«Ce silence, insondable mystère, du ministre de la Fonction publique, va finir par la desservir, car il pourrait basculer dans un pugilat syndical», observe un enseignant de Sociologie de l’Université Omar-Bongo. «Le gel des situations administratives était pour la période 2018-2021 ; depuis plus d’un an, les agents publics regardent leur situation chaque mois. Il serait plus judicieux pour elle d’anticiper d’éventuels conflits avec les organisations syndicales», recommande l’universitaire.

En tout cas, il y a trop de dossiers non-aboutis, en jachère, en suspens ! Avec toutes ces additions, la facture vis-à-vis des agents de l’État commence à être très élevée pour le gouvernement.

 

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