[Droit de réponse] Transition énergétique : Quid du statut du Gabon, prétendument ‘usurpé’, de leader en Afrique ?

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Réagissant à l’article de Gabonreview intitulé « Libreville aurait usurpé son statut de leader des questions de transition énergétique en Afrique », le cabinet du ministre des Eaux et Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan Climat et du Plan d’Affectation des terres a excipé son droit de réponse. Ci-après l’intégralité de la mise au point du département supervisé par Lee White. (Texte publié tel que reçu et rédigé par ses auteurs)

© Gabonreview

 

A l’article de presse publié dans Gabon Review

https://www.gabonreview.com/gabon-libreville-aurait-usurpe-son-statut-de-leader-des-questions-de-transition-energetique-en-afrique/

Par rapport à une publication de Mediapart le 27 juin (inaccessible à tous sans abonnement) et reprise par le journal en ligne GabonReview, affirmant que le Gabon aurait « bénéficié de l’aide d’une agence d’intelligence économique française basée à Paris, « Avisa Partner », pour s’offrir la casquette de leader africain des questions de transitions énergétiques lors de la Cop 21 à Paris, en France. Une reconnaissance qui serait construite sur de l’intox. »

Le Gabon rejette cette allégation et déplore cette accusation médiatique orchestrée.

Le Gabon ne s’est jamais réclamé la casquette de leader africain des questions de transition énergétique et met à défi les responsables de cette accusation à fournir toutes les preuves démontrant que le Gabon a sollicité les services d’Avisa Partner à des fins mensongères dans la rédaction de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) publiée en 2015, au titre de l’Accord de Paris sur le Climat.

Le Gabon déclare que l’ensemble des informations et données présentes dans la Contribution Déterminée au niveau National, en 2015, sont avérés et vérifiables à ce jour, le document étant public et téléchargeable en ligne en tant que de besoin.

L’ensemble des documents relatifs à nos politiques climat sont publiés et disponibles sur la toile.

D’ailleurs, toute notre communication en 2015 a été basée sur notre Contribution Déterminée au niveau National (CDN 2015), quel pays prendrait le risque de communiquer toute une année quasiment sur un document aussi « mensonger » comme présumé ?

La CDN est publique et encore consultable sur le site web de la Convention-cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques (UNFCCC – https://unfccc.int/NDCREG) notamment dans le registre des CDN y dédié.

Nos chiffres sont basés sur le Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE-vision de développement de notre pays à l’horizon 2025) et dont le 8ème objectif stratégique vise à « développer une offre d’électricité durable, diversifiée et accessible pour tous ».

La cohérence des chiffres relatifs au secteur Energie, utilisés dans la première CDN, est toujours d’actualité car ces derniers sont repris dans la Nouvelle CDN (CDN 2022).

Celle-ci a d’ailleurs été validée le 29 juin 2022 par toutes les administrations et met en avant le développement de l’hydroélectricité qui devrait permettre de couvrir 80% de la production en 2025, les 20% restant étant couverts par le gaz et les autres énergies renouvelables.

La nouvelle CDN présente un certain nombre de projets à réaliser dans le secteur de l’énergie, tout comme la politique énergétique du Gabon 2016-2025.

En outre, et à titre d’information complémentaire, notre dernier inventaire de gaz à effet de serre (GES), indique que le secteur majoritaire en termes d’absorptions nettes (émissions brutes déduites des absorptions brutes) du Gabon, est la catégorie Forêt et Autres Affectations des Terres (FAT), qui représente 96% des absorptions nettes totales en 2005, suivies par le secteur de l’énergie avec 3% des émissions.

En termes d’émissions brutes, hors secteur FAT, le secteur énergie représente 78% des émissions totales en 2005 avec 507 Gg équivalent de CO2 dont 15% des émissions provenant de l’industrie énergétique, le transport avec 447 Gg équivalent de CO2 soit 13%, les émissions fugitives avec 1797 Gg équivalent de CO2 soit 54% des émissions, et dans une moindre mesure, les Autres secteurs avec 305 Gg équivalent de CO2 soit 9% du secteur de l’énergie.

Les informations présentées ici sont des résultats obtenus au cours de multiples sessions de travail et ateliers de validation avec toutes les administrations et parties prenantes entre 2020 et 2021 pour le Rapport National d’Inventaire (RNI) : https://unfccc.int/sites/default/files/resource/RNI%20GABON.pdf.

De même, notre Premier Rapport Biennal Actualisé (RBA1) publié en 2022, la Troisième Communication Nationale (TCN) et la Nouvelle Contribution Déterminée au niveau National (CDN-pas encore publiée), reprennent tous les mêmes informations, il apparait donc une cohérence arrimée à la première CDN de façon induite.

De cela, il est à noter que la nouvelle CDN est un document stratégique pour le Gabon, éclairée par une collecte de données approfondie, une analyse technique solide et un large engagement des parties prenantes. L’ensemble des mesures proposées est en lien avec les objectifs de développement du Gabon formulés dans le PSGE puis dans le Plan d’Accélération de la Transformation (2020).

Cette Nouvelle CDN est aussi alignée à l’Ordonnance n°019/2021 du 13 septembre 2021 relative aux changements climatiques, visant le maintien de la neutralité carbone du Gabon à l’horizon 2050, notamment, par la mise en œuvre de sa Contribution Déterminée au niveau National au titre de l’Accord de Paris.

Notre pays conscient de la nécessité d’évaluer la première CDN, a été assisté techniquement et financièrement dans le cadre de la révision de sa CDN à travers l’Initiative du Climate Action Enhancement Package (CAEP) portée par le NDC Partnership. Cet accompagnement s’est traduit par la mobilisation d’acteurs tels que le Consortium Cibola-TEREA pour évaluer les acquis et faiblesses de la CDN 2015 et déterminer les secteurs prioritaires pour la nouvelle CDN. Ceci, en vue de renforcer la pertinence et la mise en œuvre de la Contribution Déterminée au Niveau National (CDN), en lien avec le processus de mise à jour qui avait été amorcé au niveau mondial.

L’on peut également citer dans ce processus, l’appui de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), par la mise à disposition d’un consultant pour l’élaboration d’une feuille de route, de l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables) pour soutenir les études dans le domaine de l’énergie et du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), dont le travail a consisté à soutenir le CAEP en parallèle avec sa Promesse climatique (initiative des Nations Unies pour aider les pays à enrichir la révision de leur CDN par la prise en compte d’aspects de sensibilisation d’acteurs, l’inclusion de nouveaux secteurs pour la comptabilisation des GES, l’implication du monde des finances dans les questions climatiques et des points de communication importants).

De façon résumée et spécifiquement concernant le secteur « ENERGIE », l’on admet une transition énergétique amorcée dès les années 1970 avec la valorisation du potentiel hydraulique, qui a peiné néanmoins à se traduire en un mix énergétique totalement « propre ». L’on note notamment une forte contribution des énergies thermiques dans la production d’électricité, des tensions sur le réseau de transport et un développement lent des énergies renouvelables ralentissant l’atteinte de nos ambitions énergétiques.

En revanche, le Gabon possède de riches ressources énergétiques, autant en hydrocarbures qu’en potentiel d’énergies renouvelables. Le mix électrique est équilibré entre des sources d’énergie « propres » (gaz et hydro-électricité à parts comparables) mais dans un contexte de changement climatique il est fortement dépendant à terme d’aléas liés à la production hydroélectrique.

Le Gabon reconnait ses potentialités et prend en compte les recommandations émises par ses partenaires d’accompagnement dans l’atteinte de ses objectifs en matière d’énergie. Par exemple,  l’IRENA recommandait au regard de l’analyse du secteur Energie au niveau national, de consolider la préférence de l’hydroélectricité comme base d’approvisionnement pour répondre aux besoins en électricité du pays et améliorer le mix tout en révisant le positionnement stratégique pour donner une part plus importante au solaire photovoltaïque centralisé sans stockage en appoint au thermique gaz et de procéder à une évaluation approfondie du potentiel des bioénergies (biomasse végétale, animale, déchets, traditionnelles etc.), des utilisations finales et des technologies de valorisation ainsi que des sites prioritaires d’implémentation.

Parallèlement, dans le cadre de la coopération technique entre le Gabon et l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) pour le cycle 2018-2019, l’AIEA a accompagné le Ministère en charge de l’énergie dans un Programme de renforcement des capacités aux outils de planification énergétique intégrant les statistiques et bilan énergétique (EBS), l’analyse de la demande énergétique (MAED) et l’approvisionnement en énergie (MESSAGE). L’objectif visé était de doter l’équipe projet et particulièrement les agents de la Direction Générale de l’Energie (DGE) de compétences en planification énergétique grâce à un approfondissement en matière de technique et de méthodologie sur l’analyse de la demande énergétique et les stratégies d’approvisionnement énergétiques basés sur des cas pratiques. Ceci, notamment sous l’encadrement des experts de l’AIEA.

Ce programme a permis notamment d’établir un scénario de l’évolution du mix énergétique national de 2017 à l’horizon 2045.

Figure 1:Evolution du mix énergétique national (MW), Source : Analyse de l’Offre Energétique du Gabon à l’horizon 2045 et Evaluation des Emissions de Co2, Rapport Préliminaire d’étude réalisée avec le logiciel Message, travaux des experts du Ministère de l’Energie, Juin 2019

Dans ce scenario, les experts ont traduit le constat sur les graphiques, que les deux types de technologies dominantes sur toute la période d’étude étaient, en tête l’hydroélectricité dont la part passerait de moins de 50% en 2017 à plus de 70% en 2045 alors que la production thermique gaz passerait de 56% environ en 2017 à seulement 20% en 2045.

Toutefois, ces mêmes graphiques traduisaient les premières périodes d’étude, 2017-2025 et faisaient apparaitre que c’étaient essentiellement les capacités thermiques gaz, qui connaitraient une augmentation rapide mais modérée compte tenu de leur facilité de mise en œuvre. Tandis que les premiers gros mégawatts hydroélectriques ne seraient disponibles qu’à partir de 2025. Cependant, ces capacités connaitraient un réel développement qu’entre 2030 et 2045 avec l’entrée en production des mégabarrages de Booué (1000 MW) et de Tsengué-Lélédi (500 MW).

En définitive, les premiers mégawatts solaires PV ne sortiraient en production qu’en 2025 et leurs capacités devraient être stables jusqu’à la fin de la période d’étude 2045.

Par ailleurs, selon la Banque Mondiale, à travers son dernier rapport « The Energy Progress Report », le Gabon est le pays le plus électrifié de la Zone CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale). Notre pays serait classé devant la Guinée équatoriale, le Cameroun, le Congo, la République centrafricaine et le Tchad.  Au niveau continental, le Gabon se positionnerait dans le classement de la Banque mondiale comme le 5e pays le plus électrifié d’Afrique et serait devancé par l’Égypte, le Maroc et la Tunisie.

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