CNSS : La gouvernance de Christophe Eyi vue par les partenaires sociaux

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Au Gabon face aux dysfonctionnements de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), le Conseil des ministres du 7 juin dernier avait annoncé la dissolution du Conseil d’administration, la cessation des fonctions des membres de l’administration, mais surtout la mise sous administration provisoire de cette entité. Nommé puis installé en qualité d’administrateur provisoire, Christophe Eyi a 12 mois pour réformer la structure. Mais 3 mois après sa prise de fonction, les partenaires sociaux de son secteur estiment qu’il y a encore beaucoup à faire.

Christophe Eyi (à gauche), lors de la passation de charges, le 9 juin 2022, à Libreville. © Twitter/Min. Santé

 

En mai dernier, Patrick Ossi Okouri alors directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), affirmait l’hypothèse d’une éventuelle cessation de paiement en juillet 2022 si les réformes engagées pensées par ses équipes n’étaient pas mises en œuvre. Entre explosion du nombre de retraités, régime des pensions mal paramétré, fraude explosive, organigramme inadapté et charges de fonctionnement élevées, les nombreux dysfonctionnements que rencontrait la structure étaient assez évocateurs tout comme les inquiétudes aussi bien des salariés que des retraités. Le mois qui suivait, il avait été limogé et la structure placée sous administration provisoire.

Nommé puis installé en qualité d’administrateur provisoire de la CNSS, Christophe Eyi a 12 mois pour la réformer. Au mois de juillet sous sa gestion le scénario catastrophe ne s’est pas produit et 3 mois après sa prise de fonction, le président du Syndicat des professionnels de sécurité sociale (Sypross) note des «avancées significatives» dans la gestion de la structure. «La principale revendication, source de stress des salariés et des retraités de la CNSS, a trouvé solution depuis la prise de fonction de l’administrateur provisoire. Ainsi, les paiements des salaires et des pensions se font aujourd’hui à dates échues», a confié Richard Ndi Bekoung au journal l’Union.

Pas sur la même longueur d’onde

Selon lui, le gel des embauches, le non-renouvellement des Contrats à durée déterminée (CDD), la révision du calcul de l’allocation congé et la suppression de certains postes de responsabilité ont permis à l’administrateur de réaliser des économies. Pour ce qui est des réformes, a-t-il indiqué, «il faut noter que les travaux des différents comités sont en cours de finalisation et seront soumis à l’instance suprême qui est le comité de surveillance». «Je crains fort que nous ne soyons pas sortis de l’auberge», a pour sa part estimé Joslin Louis Ngoma de la Coalition CNSS. Selon lui, les partenaires sociaux ont été exclus du processus de restructuration de la structure et «aucune communication officielle à ce sujet entre l’administration provisoire et la coalition, malgré toutes nos tentatives».

«Poutant, il semble collaborer avec ce syndicat dont la complicité avec le directoire sortant, dans la détérioration du dialogue social, et qui a conduit à cette crise sans précédent, est connue de tous», a-t-il ajouté parlant du Sypross et se demandant pourquoi l’administration provisoire n’organise-t-elle pas le renouvellement d’une institution de délégués du personnel désormais frappée de caducité depuis juin 2021. «Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous invitons l’administrateur provisoire à l’extrême prudence», a-t-il prévenu dans un contexte où les retraités estiment que rien ne s’est amélioré pour eux depuis lors.

La tutelle accusée d’entretenir la chienlit

«Les nouveaux dossiers de pensionnés s’accumulent au rythme moyen de 400 chaque mois. Certains retraités installés hors du Gabon sont à leur 7e mois sans la moindre pension», a déclaré le responsable communication de l’Association nationale des retraités du Gabon (Anareg). Mathurin Mengue Bibang qui assure que depuis 2 mois certains retraités reçoivent leurs pensions de façon disparate avant chaque 5 du mois, semble dénoncer un traitement discriminatoire et appelle l’administration provisoire à rectifier le tir. Mieux, il souhaite que la situation revienne à la normale à la CNSS.

«Les banques ne prêtent plus aux retraités à cause de la notion de provisoire, car elles sont dans l’incertitude. Le dialogue avec les partenaires que sont les syndicats et associations des retraités est quasi inexistant», a-t-il déploré disant avoir constaté que les agents détournent de fortes sommes d’argent. «Mais tout cela n’est pas imputable à l’administrateur provisoire. C’est plutôt du côté de la tutelle qu’il faut regarder, car c’est le ministre qui administre actuellement la CNSS. L’administrateur provisoire se contente d’exécuter au quotidien ses hautes instructions», a ajouté Mathurin Mengue Bibang.

 

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