Plusieurs femmes en l’occurence celles dans le camp de réfugiés de Kerawa, dans la région aride de l’Extrême-Nord du Cameroun, conçoivent des moyens pour préserver la planète. Deux femmes d’une quarantaine d’années portent avec elles de petits arrosoirs en plastique. Ces mères ont trouvé une nouvelle façon de cultiver leurs propres légumes loin de leurs terres agricoles et de leurs villages, qu’il pleuve ou qu’il vente.
« Nous introduisons la terre dans des sacs vides de mil, de grandes boîtes de conserve et même sur une surface en forme de table et des papiers plastiques », explique Halima. Elle ajoute, « nous ajoutons ensuite des feuilles sèches et d’autres matières biodégradables dans le sol pour le fumier. Après un certain temps, nous plantons nos cultures ».
Les deux femmes répandent de l’eau sur les plantes vertes tout en essayant d’enlever l’herbe qui poussait. Cet exercice est devenu une routine pour les femmes déplacées.
« C’est la deuxième tentative », dit Yele. « La première nous a permis de planter des tomates, des laitues, des hibiscus « lalo » appelés ici « folere » et des gombos », raconte-t-elle.
Ce système agricole baptisé « système d’agriculture hors sol » vient d’être expérimenté ici. Puisqu’il n’y a pas de terres arables pour satisfaire les besoins agricoles des nombreuses femmes du camp, ce moyen de culture semble idéal.
La méthode agricole permet aux femmes de remplir de petites quantités de terre dans des bidons, des seaux, des sacs et d’autres articles locaux disponibles. Les femmes ajoutent ensuite d’autres matières dans le sol comme des feuilles d’arbres sèches qui sont brisées en petits morceaux pour faire du fumier, avant que les graines ne soient plantées.
Les sachets ou bidons contenant les graines sont conservés dans un lieu privilégié, parfois sous les arbres ou à l’ombre. L’intention est d’éviter que les plantes ne soient exposées à la lumière directe du soleil qui pourrait assécher ou détruire les jeunes plantes. Ils sont arrosés quotidiennement et transportés jusqu’à la récolte. C’est une idée originale du groupe de défense des droits des femmes,
« L’Association de lutte contre les violences faites aux femmes. Il cherche à porter secours aux dizaines de femmes et d’enfants battus par les récentes attaques de Boko Haram et, plus récemment, par le conflit intercommunautaire provoqué par la crise climatique dans la région.
Aissa Doumara Ngatansou, militante pour l’égalité des sexes, dirige le groupe et a formé des femmes déplacées sur la manière de mettre en œuvre cette méthode agricole. Avant l’éclatement des combats intercommunautaires, les femmes de cette partie du Cameroun étaient autonomes. Mais le conflit les a privés de cette indépendance, faisant tomber nombre d’entre eux « dans la dépression, se sentant sans valeur » selon Aissa.
C’est pourquoi son groupe « L’Association de lutte contre les violences faites aux femmes » s’est associé à d’autres partenaires pour imaginer ce mode de culture dans une région durement touchée par les changements climatiques.
L’activité s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans l’objectif principal du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui consiste à stopper et à inverser la dégradation des terres tout en encourageant la productivité agricole. Il s’aligne également sur un objectif du PNUE lors de la dernière COP26 : encourager les méthodes basées sur des solutions pour sortir de la situation tout en s’adaptant aux impacts climatiques.
Source: African Women in Media UNEP Environnement Journalism Programme