Suicide ou assassinat ? L’émotion est retombée mais la question demeure sans réponse. Il y a cinq ans, Mgr Jean-Marie Benoît Balla, évêque du diocèse de Bafia, était retrouvé mort dans les eaux boueuses de la Sanaga. Jean-Pierre se souvient comme si c’était hier du drame, du tollé qu’il avait provoqué dans le pays et de « l’indignation des milieux catholiques à travers la planète ». Ce prêtre, rencontré fin juin à la cathédrale de Yaoundé, se rappelle aussi les « zones d’ombre » qui continue d’entourer les circonstances du décès.
Pour comprendre cette affaire, il faut revenir au petit matin du 31 mai 2017. Ce jour-là, Benoît Balla, 58 ans, n’assiste pas à la prière et ne se présente pas au petit-déjeuner. Intrigués, bientôt inquiets, les membres de son entourage donnent l’alerte. Des fouilles sont immédiatement engagées. Une source rapporte que, la veille, le prélat a reçu un coup de fil aux alentours de 23h30. Benoît Balla ne dit à personne qui l’a appelé, mais il sort le rencontrer.
À Lire [Série] Cold case : quand justice et politique ne font pas bon ménage Aux alentours de midi, ce 31 mai, sa voiture est finalement retrouvée, garée sur le pont d’Ebebda, qui enjambe la Sanaga dans le département de la Lekié (région Centre). À l’intérieur de l’habitacle, sur le siège avant droit, quelques mots griffonnés sur un morceau de papier – « Je suis dans l’eau » –, sa carte nationale d’identité et des documents personnels.
Hommes-grenouilles Les recherches s’intensifient. Des renforts sont déployés sur le terrain. Durant trois jours, des hommes-grenouilles de la marine camerounaise et des sapeurs-pompiers explorent le lit du fleuve, mais c’est finalement un pêcheur qui retrouve le corps sans vie du prélat, flottant au lieu-dit Tsang. Nous sommes le 2 juin, Mgr Balla est déclaré mort.