Elle trempe sa plume dans l’encre de son parcours scolaire, familial et associatif pour partager son expérience et sa vision du monde.
L’ouvrage intitulé « Prélude à la clairvoyance », décrit une jeune africaine qui se raconte et se pense. En 186 pages, l’auteure, Miriam Tchocothé, fait un flashback, qui retrace sa vie depuis son enfance, passant par l’école primaire, le secondaire, sa vie familiale et sa vie d’adulte.
L’ouvrage de onze chapitres marque un ancrage sur ces expériences d’amour que beaucoup ont connu étant sur les bancs.
Il aborde aussi les échecs scolaires, les orientations professionnelles comme sexuelles et des cas de traumatisme. Ce que l’auteure décrit simplement comme l’université de la vie.
Dans son livre édité aux éditions Ifrikiya, Miriam remonte la pendule pour par exemple nous ramener en 2016, où elle décide de quitter la maison familiale située à Bana dans la région de l’Ouest-Cameroun, afin de continuer ses études secondaires à Douala.
« Être en première, c’est aussi commencer à penser à l’avenir. Je savais que je voulais aller à l’université. J’en avais choisi une à Douala, et j’avais envie de vivre dans un internat pour un début, histoire de me familiariser avec la ville, avant d’aller seule après mon baccalauréat« .
A Douala, Miriam brille par son dynamisme et est d’ailleurs présidente du Club Société et Environnement. C’est ainsi que le coordonnateur du club lui demande un jour de préparer un discours sur le thème, ‘Les failles dans la réussite des jeunes : cas de la jeune fille‘. Elle était loin de s’imaginer que ce discours serait une boîte de pandore.
Elle décide de rédiger son discours en s’inspirant de son vécu ainsi que de celui de ses amies. Et le jour dit, raconte Miriam, « j’affirme que les failles dans l’éducation de la jeune fille sont dues à deux problèmes majeures : la famille d’une part, et la société d’autre part. Je soutiens qu’une fois que la jeune fille atteint l’adolescence, il n’est pas question pour ses parents de lui imposer des interdits, ou de lui cacher certaines choses, et encore moins de lui crier dessus à chaque fois qu’elle déraille. Il ne revient donc qu’au parent d’avoir une vraie discussion avec leurs filles comme des amis. »
Elle a continué son discours en parlant des familles où les filles se font harceler par leurs parents, subissent des viols de la part de leurs frères, oncles, voire même pères comme c’est le cas d’une de ses camarades de classe qu’elle évoque dans le livre, et elle ajoute :
« dans les établissements scolaires, les professeurs ont très souvent tendance à courtiser les élèves, et quand ces dernières refusent, elles subissent toutes sortes d’humiliation avec des rabais à la note. Une fille qui se trouve dans une situation pareille, peu importe son éducation, aura du mal à s’en sortir« .
Après avoir prononcé ce discours, elle reçut une standing ovation. Mais, il y avait une autre surprise qui l’attendait. Le chef de l’établissement lui fit comprendre que son discours était un vrai désastre. Ce qui lui valut une exclusion définitive, pour avoir manqué de respect au collectif des enseignants. Une expérience traumatisante qu’on ne manquera pas de lui rappeler dans son prochain établissement.
Traumatisant aussi, c’est le cas du harcèlement sexuel qu’elle a connu avec un élève prénommé Adrian qu’elle aidait dans ses exercices de maths, « un jour, je demandai la permission d’aller aux toilettes. En prenant les escaliers, je le tamponne dans son lieu habituel. Le temps de courir et de remonter, il m’avait saisie et tirée par la main. Avec un couteau pointé sur moi, il me redemanda si je refusais toujours de sortir avec lui, je répondis par la négative. Cette parole me coûta une bonne gifle« .
Des cas de traumatisme sont légion dans l’ouvrage; Miriam qui se fait également harceler par une lesbienne ou encore son échec au baccalauréat. « L’année 2018 s’était très mal achevée pour moi. » Dans une telle situation, elle avait tellement honte et avait l’impression d’avoir trahi tous ceux qui avaient confiance en elle, et cela lui donnait envie de se jeter du haut d’un pont.
C’est son père qui lui remonte le moral en l’invitant à être forte « Forte ne veut pas dire que tu ne pleures jamais, forte ne veut pas dire que tu n’as jamais mal. Forte, c’est quand tu te relèves chaque fois, même quand on t’a enfoncé le visage dans la boue, et qu’on t’a ri au nez » explique le père de Miriam Tchocothé.
« Prélude à la clairvoyance » c’est aussi l’occasion pour l’auteure de communiquer avec ses pairs dans le chapitre dédié à la femme vertueuse. Ici, elle note l’importance de la soumission d’une femme à son mari faisant état d’une sincérité au début de la relation. Ce qu’une femme décide d’accepter, elle doit se rassurer de le faire pour toujours :
« un homme te dira mets-toi par terre, je te marche dessus ; parce que tu veux le mariage, tu vas le faire ; seulement, quand tu auras le mariage, ne faudrait pas arrêter de la faire ». Toujours dans le cadre de la soumission, elle dit, ‘certaines femmes répondent souvent à leur époux, ‘tu n’as rien à m’interdire, même si on est marié, je ne suis pas ton esclave, je vais sortir que tu le veuilles ou non’. Pour Miriam, « ça ce n’est pas avoir du caractère, c’est être mal éduqué. ».
La jeune auteure de 21 ans profite de ses scènes de vie pour inviter son lectorat à savoir anticiper autant que possible dans diverses situations. Mais surtout, ne jamais baisser les bras, garder la tête haute, faire preuve de détermination tout en étant rationnel. Un ouvrage à lire et à relire.
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