Le bassin du Congo constitue l’un des plus importants massifs de forêt tropicale continue sur la planète. Il regorge de ressources naturelles cruciales pour la sous-région, mais les volumes et méthodes actuelles d’extraction de ces ressources ne sont pas viables et menacent l’avenir de la région. Sa protection exige un effort majeur qui dépasse les frontières politiques. Dans le cadre du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC), le Fonds mondial pour la nature collabore avec les communautés et les gouvernements locaux pour gérer les forêts durablement et protéger la faune.
En marge de la troisième journée des travaux de la 19e réunion des Parties du partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC), les experts du Fonds mondial pour la nature (WWF), ont échangé le 7 juillet avec la presse sur les enjeux de la conservation inclusive : respect des droits des communautés locales et des peuples autochtones ; la gouvernance forestière et la gestion du conflit Homme-Faune au sein du deuxième plus grand couvert forestier après l’Amazonie.
Pour ces dernières, la prise en compte de ces questions cruciales de conservation vise à parvenir à concilier le développement socio-économique et la conservation de la biodiversité, tout en impliquant activement les populations autochtones et les communautés locales dans les efforts visant à conserver la faune et la flore. «La question fondamentale est de savoir, à quelle soutenabilité du développement va-t-on aboutir dans le bassin du Congo compte tenu des enjeux actuels du développement climatique. Lorsqu’on regarde les enjeux d’aujourd’hui, ça veut dire un important puit de carbone et un vaste réservoir de biodiversité. Ici au niveau du PFBC, la question qui se pose c’est de comprendre comment est-ce que dans un modèle de partenariat on peut protéger ces forêts et les rendre utile à la fois pour la planète et toute l’humanité », a souligné le Dr Jean Bakouma, le directeur de la conservation du Bassin du Congo au WWF.
Pour espérer sauver les forêts du bassin du Congo, il convient de procéder à une protection qui prenne en compte les enjeux de la gestion durable ; ceci afin de concilier et préserver les impératifs du développement durable et ceux de la protection de la forêt. L’objectif étant la préservation de la biodiversité forestière et de limiter les émissions de gaz à effet de serre en luttant contre la déforestation et la dégradation des forêts. Dans le même sens, il convient de promouvoir l’exploitation durable des ressources ligneuses grâce à des aménagements forestiers compatibles avec la préservation des forêts et pérenniser ainsi les services environnementaux participant au maintien des stocks de carbone et à l’augmentation des revenus forestiers locaux.
Deuxième massif forestier tropical du monde après celui de l’Amazonie, soit environ 200.000 hectares de forêts humides, le massif forestier du Bassin du Congo fait face à une cascade de défis, notamment la conversion agricole, l’exploitation minière, l’exploitation forestière illégale et la criminalité liée aux espèces sauvages. Toutes ces activités sont menées sans aucun respect pour l’environnement, sans étude d’impact préalable.
Conservation inclusive
Pendant des générations, les peuples autochtones et les communautés locales du Bassin du Congo ont pris soin d’une grande partie des forêts, des prairies, des savanes, des zones humides de ce massif forestier partagé entre six pays : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa, le Gabon et la Guinée équatoriale. Aujourd’hui, beaucoup de ces « territoires de vie » sont confrontés à un développement destructeur, tandis que les cultures et traditions indigènes sont également menacées. Leur conservation dépend de la reconnaissance des peuples autochtones et des communautés locales comme leurs gardiens légitimes, admet le WWF.
Selon le responsable régional, sauvegardes environnementales et sociales, Afrique chez WWF International, Éric Parfait Essomba, grâce à son cadre de sauvegarde environnementale et sociale, le WWF cherche à s’assurer que les droits des populations autochtones et des communautés locales sont respectés et que leur consentement est demandé avant la mise en œuvre de tout projet de conservation les concernant. « Au jour d’aujourd’hui, on ne peut plus faire de la conservation juste pour la conservation, il faut intégrer l’être humain au centre des différentes interventions. Aujourd’hui, nous avons une approche qui réconcilie l’être humain, à l’environnement. Cette démarche est qualifiée de conservation inclusive », a-t-il précisé.
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