En provenance du Congo et interpellé hier (17/9/22) dans le Haut-Ogooué aves des valises remplies à ras bord de billets de banque avoisinant le milliard de francs – montant indiqué par la rumeur –, le président du parti politique «Les Démocrates» a été remis en liberté et a rejoint son domicile de Koulamoutou. Les contours d’une affaire rocambolesque
Après le buzz suscité samedi soir (17/9/22) par les images ayant circulé sur les réseaux sociaux montrant Guy Nzouba Ndama aux prises avec des gendarmes le ridiculisant littéralement et ouvrant brutalement ses valises, l’ancien président de l’Assemblée nationale est reparti chez lui, aux environs de 22 heures, libre de ses mouvements, selon des sources familiales interrogées par GabonReview et confirmées par l’Agence gabonaise de presse (AGP).
Le président des Démocrates aurait «fourni les justificatifs de la provenance de cet argent», informe l’AGP. «Cet argent est un don du président congolais, Denis Sassou Nguesso. Il avait les justificatifs», précise le grossiste de l’information au Gabon citant un informateur sous anonymat. L’interpellation de Guy Nzouba Ndama a, en effet, eu lieu à Kabala, à la frontière du Congo Brazzaville. Il aurait séjourné quelques heures dans le pays voisin et en serait revenu dans l’après-midi du même samedi.
Moins d’un milliard de francs CFA et ce que dit la loi
Si le montant du «butin» n’est pas connu avec exactitude, certains médias ayant soutenu qu’il se chiffrerait à 1 milliard 180 millions de francs CFA, une analyse et un décompte de l’image de Nzouba Ndama devant son «pactole» laisse penser qu’il y a environ 500 millions, en tout cas moins d’un milliard de francs CFA.
Sur de nombreux forums et groupes de discussion WhatsApp, de nombreux internautes ont exhumé les textes régissant la circulation de l’argent en zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), notamment le Règlement n°02/00/CEMAC/UMAC/CM du 29/04/2000 portant réglementation des changes dans la zone économique concernée. En son article 60, le texte de loi dispose : «Les voyageurs résidents et non-résidents se rendant d’un pays membre de la BEAC à l’autre peuvent emporter avec eux un montant illimité de billets et pièces de la CEMAC.» Il n’en reste pas moins que selon l’article 61 du même texte, «le montant de ces importations doit faire l’objet d’une déclaration auprès des services de douane». Le président de Les Démocrates s’y est-il soumis ou envisageait-il de le faire ? On peut en douter, les gendarmes ayant intercepté l’argent avaient visiblement été mis au parfum par un informateur. Dans la vidéo de la scène, on entend un gendarme lancer, avant même l’ouverture des valises : «vous pouvez filmer ! On va envoyer à qui de droit !». La maréchaussée savait donc d’avance que les valises contenaient de l’argent.
Rien de bien nouveau sous le soleil équatorial
Alors qu’on pouvait s’attendre à l’indignation de l’opinion, la scène a plutôt donné lieu à la dérision sur les réseaux sociaux, notamment sur le zèle des gendarmes. Les Gabonais étant sans doute sevrés des nombreux scandales de détournements des deniers publics, ayant assez souvent le milliard de francs CFA pour unité de compte. De plus, la pratique est connue et largement documentée au Gabon, depuis les révélations de Robert Bourgi, avocat Françafricain aussi connu que controversé. Ayant largement alimenté la chronique, les révélations de celui-ci font état de mallettes d’argent, remises de fonds africains occultes à Jacques Chirac, Dominique de Villepin ou Jean-Marie Le Pen. Omar Bongo ayant été l’un des meilleurs protagonistes de la pratique.
De même, lors de la présidentielle anticipée de 2009, les pays voisins ont été soupçonnés d’avoir aidé la plupart des grands candidats : «la Guinée équatoriale (à travers son président Obiang Nguema) aurait soutenu financièrement la campagne d’André Mba Obame», peut-on encore lire sur l’Internet. Rien de bien nouveau donc sous le soleil équatorial.
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