Les autorités gabonaises penchent sérieusement pour la transition de l’économie, logique de développement qui prend peu en compte la préservation des ressources naturelles, notamment. Pour parvenir à cet horizon, le crédit carbone et le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) auront un rôle primordial à jouer.
Au Gabon, le modèle de développement économique actuel fonctionne encore en grande partie selon une logique linéaire : des ressources naturelles sont extraites et utilisées pour fabriquer des produits qui parcourent ensuite souvent des milliers de kilomètres avant d’être consommés puis jetés. Les autorités songent ainsi de plus en plus à la transition de l’économie, qui est une logique de développement qui prend peu en compte la préservation des ressources naturelles et les impacts environnementaux des produits fabriqués tout au long de leur cycle de vie.
Pour y arriver, le gouvernement mise énormément sur le crédit carbone : une unité équivalente à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée. Par exemple, un projet de plantation d’arbres qui permettra de séquestrer 10000 tonnes de CO2 pourrait donner lieu à l’attribution de 10000 crédits carbone s’il respecte les critères nécessaires. «100 millions de tonnes de carbone ont été séquestrées par le Gabon en moyenne chaque année entre 2010 et 2020. À raison de 25 dollars la tonne, par exemple, cela permettrait de booster l’économie gabonaise. Le Gabon doit trouver le moyen de survivre en diversifiant son économie», a affirmé le ministre des Eaux et Forêts, le 30 août à Libreville.
«Amplifier les projets de séquestration de carbone»
Lee White s’est ainsi exprimé à la faveur d’un panel organisé par le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), en marge de la Semaine africaine de l’environnement. «Nous travaillons sur la biodiversité, avec un important portfolio s’alignant sur les Objectifs de développement durable. Et nous avons un programme sur 5 ans à même de développer des structures susceptibles de soutenir la diversification de notre économie. À l’instar de la Marina qui sera un pilier de la réduction des émissions des gaz à effet de serre», a affirmé le directeur général du FGIS. «D’ailleurs, nous avons élaboré une stratégie de réduction d’émission du carbone, qui va être publié incessamment», a ajouté Akim Daouda.
Pour réussir la transition de son économie par le crédit carbone, le Gabon entend s’entourer de plusieurs acteurs stratégiques, à l’instar de Standard Chartered, banque britannique dont les rôles principaux sont d’accepter et de protéger les dépôts monétaires des particuliers et des organisations, ainsi que de prêter de l’argent. «Il faut développer un marché qui puisse avoir un effet positif sur les éléments macro-économiques afin d’aboutir à un développement socioéconomique», a confié le responsable de la finance durable chez Standard Chartered.
«On peut avoir différents prix de crédit carbone, mais un prix encore plus élevé issu de la biodiversité. Il faut amplifier les projets de séquestration de carbone pour augmenter les prix», a ajouté Oliver Phillips. La banque voudrait ainsi accompagner le Gabon dans le processus de monétisation des efforts d’atténuation de l’effet de serre. Les fonds ainsi mobilisés iraient au FGIS pour l’aider dans sa mission de façonner l’avenir du Gabon.
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