Frais de mission sans ordre de mission, surfacturation, frais de scolarité dans un établissement privé de Libreville à la charge de l’entreprise étatique, primes indues… durant les deux années passées à la tête de la Caisse nationale d’assurance-maladie et de garantie sociale (CNAMGS), Renaud Allogho Akoue aurait détourné plus de 600 millions de FCFA, selon l’agence judiciaire de l’État alertée courant 2019 par un informateur anonyme sur les « manœuvres frauduleuses » qui auraient eu cours à l’époque au sein de l’entreprise étatique.
Bachelier à 16 ans, diplômes avec mention durant tout son parcours scolaire et universitaire, directeur général dès l’âge de 27 ans, alors qu’il intègre le monde professionnel à 21 ans… c’est le procès d’un «surdoué» qui s’est ouvert ce mercredi 3 août au palais de justice de Libreville. Seule ombre au tableau : l’accusé, Renaud Allogho Akoue, qui prétend avoir toujours été premier de la classe, est soupçonné d’avoir mal compris les missions qui lui avaient été assignées en 2017 par le président de la République.
Devant la cour criminelle spécialisée, l’ancien directeur général de la CNAMGS est en effet soupçonné d’avoir abusé de ses fonctions et détourné plus de 600 millions de FCFA en deux ans. Cette accusation est portée par l’agence judiciaire de l’État (AJE) qui, il y a près de trois ans, avait saisi pour enquête la Direction générale des recherches (DGR) après une dénonciation anonyme.
Comme indiqué par l’informateur anonyme, l’enquête de la DGR a révélé «plusieurs manœuvres frauduleuses» dans les caisses de la CNAMGS entre 2017 et 2019. Au nombre de ces mouvements de fonds sujets à caution, l’on cite le financement de la scolarité au lycée privé Awassi de plusieurs élèves. Montant estimé : 4 millions de FCFA supportés par la CNAMGS sans justification.
L’ancien patron de la CNAMGS est également soupçonné d’avoir financé à hauteur de 40 millions de FCFA une opération d’achat et d’installation de lampadaires solaires avec la Gabonaise d’énergie à Oyem ; il aurait bénéficié de 160 millions de FCFA de prime pour une opération de prospection en vue de la signature d’un partenariat entre la structure dont il avait la charge et certaines pharmacies et centres hospitaliers à travers le pays. Renaud Allogho Akoue est également soupçonné d’avoir indûment tiré parti du projet de construction de l’annexe de la direction générale de la CNAMGS à Libreville en surfacturant la prestation de l’entreprise chargée d’effectuer les travaux. Estimé à 1,1 milliard de FCFA, l’accusé aurait en effet présenté au conseil d’administration une facture de 1,6 milliard de FCFA.
Payé à 10 millions de FCFA par mois, l’ancien DG de la CNAMGS, qui reconnaît avoir bénéficié de bonus allant de 50 à 100 millions de FCFA, est aussi soupçonné d’avoir bénéficié de frais de mission sans ordre de mission. L’audience a été suspendue pour reprendre jeudi avec les débats au fond.
Source : Gabonreview.com