Le scandale des dysfonctionnements ayant contraint le gouvernement à mettre la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) sous administration provisoire continue de faire couler encre et salive. A la suite de sa première tribune, «drame de la CNSS : l’urgence absolue», l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima a encore présenté sa vision des choses dans deux autres textes. Il fait comprendre que «la première cause de la dégradation de sa situation se trouve dans un abus de pouvoir que l’Etat s’est autorisé depuis toujours…». Il indique également que la masse salariale de la CNSS a atteint 41% au lieu de 15% des ressources.
Face à la décadence de l’instrument de protection sociale qu’est la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et face aux décisions prises par le gouvernement pour rétablir les équilibres au regard des tensions de trésorérie, l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima apporte sa contribution au débat en proposant des analyses pertinentes de la situation et des solutions pour éviter la faillite de la structure.
Il fait savoir que la masse salariale de la CNSS qui devrait être plafonnée à 15% de ses ressources a depuis longtemps crevé ce plafond et caracole à 41%. «Cette anomalie n’émeut pas grand monde puisqu’elle fait partie des scandales devenus la norme. Les dirigeants eux-mêmes s’en accommodent et se réfugient derrière une situation qu’ils ont trouvé et qui est une agréable anomalie», s’insurge-t-il.
Dans son post au titre évocateur, «CNSS : un scandale de trop, un scandale à têtes multiples», il fait remarquer que «les scandales financiers, fonciers, forestiers,etc. n’émeuvent plus personne dans notre pays. Ils sont devenus banals. Ils font désormais partie de la norme sociale au Gabon et donc on les trouve normaux». Pour lui, «au cœur de ces scandales, il y a systématiquement l’État ou plus exactement des personnes qui se servent de leur position dans les institutions de l’État pour se donner des pouvoirs et des avantages propices à ces scandales».
«Il en est ainsi de la CNSS» dit-il, en indiquant que «si on prend un peu de hauteur, on comprend que la première cause de la dégradation de sa situation se trouve dans un abus de pouvoir que l’Etat s’est autorisé depuis toujours en y nommant des gérants responsables devant lui et non devant les propriétaires de l’argent qu’elle collecte, à savoir les salariés et leurs employeurs». «C’est bien en effet cette situation surréaliste, cet invraisemblable déni de droit qui a permis aux gérants de prendre des décisions de gestion sans rapport avec les intérêts des «actionnaires» de la Caisse», a-t-il affirmé.
En tête de ces décisions, souligne-t-il, il y a les salaires versés aux personnels de la Caisse, «systématiquement au-dessus de la moyenne des salaires versés dans les entreprises aux cotisants». «En plus clair, indique-t-il, le salaire moyen d’un employé de base, d’un agent de maîtrise, d’un cadre de la CNSS est depuis longtemps au-dessus des salaires des mêmes catégories de salariés dans la forêt, le BTP, les transports, etc.».
«La question est alors : comment celui qui gère seulement l’argent peut-il gagner plus que celui qui produit cet argent», interroge l’ancien Premier ministre qui fait savoir que «cette anomalie est venue de la dérive des salaires au sommet de la Caisse, c’est-à-dire de ses cadres dirigeants».
Mieux, Raymond Ndong Sima ajoute que «longtemps, les prestations sociales servies aux ayants-droits ont été inférieures aux cotisations sociales collectées ce qui permettait de dégager une épargne à valoir sur le futur. Pour mémoire, en 1980 et 1981 l’excédent était de 10,6 et 12,2 milliards de francs».
Du coup, ces excédents auraient donné le vertige aux gérants qui se sont lancés dans des programmes immobiliers, des programmes de constructions de structures hospitalières, des opérations de sponsoring sans lien avec l’objet social de la Caisse, et sans garantie du retour sur investissement. «Outre le coût direct de ces investissements, il s’est ajouté leurs charges de fonctionnement».
A quel point ces investissements contribuent-ils à produire le cash nécessaire au paiement actuel des pensions ? Que du vent ! En 1999 déjà, fait-il savoir, l’écart entre cotisations et prestations sociales était devenu négatif de 5,5 milliards et la situation ne semble pas sur le point de s’améliorer.
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