Suite à la déclaration de Jean Eyeghe Ndong, transfuge de l’opposition, Barack Nyare Mba, jeune passionné des médias sociaux, lauréat en 2014 du concours RFI-Mondoblog, s’interroge.
C’est en parcourant Facebook que je suis tombé sur les propos attribués par le media en ligne Focus Groupe Média à Jean Eyeghe Ndong, ancien Premier Ministre. Selon ce Média, l’ancien membre de l’opposition a dit ceci : « J’ai réfléchi avec la tête et non avec le cœur. Et je me suis dit, c’est Ali Bongo qui est au palais présidentiel, pourquoi ne pas me mettre à ses côtés pour construire le pays. C’est pourquoi j’ai décidé de me rallier à lui. La politique se fait avec la tête et non avec le cœur. »
Que Monsieur Eyeghe Ndong soit rassuré, je ne ferai pas de reproches à sa personne qui est moins dangereuse que ses propos. En effet, en tant que jeune je pense que ses dires véhiculent un mode de pensée qui encourage nos concitoyens à accepter une supposée fatalité politique.
Les raisons invoquées pour justifier son ralliement sont aussi légères qu’une feuille morte emportée par le vent. En résumé, il a décidé de travailler avec le Président Ali Bongo pour la seule et unique raison qu’il est au « palais présidentiel ». Est-ce à dire que si c’était le diable en personne, il le rallierait aussi parce qu’il est tout simplement au « palais présidentiel » ?
La question vaut son pesant d’or car elle interroge sur l’idéologie défendue par certains acteurs et partis politiques et les raisons de leurs alliances avec le pouvoir. Doit-on rallier le Président de la République pour la forme ou pour le fond ? J’entends par fond le partage d’une vision politique dans la gestion du pays. Mieux, le Président de la République est issu d’un parti politique, pourquoi se rallier à sa personne et non au parti dont il est le patron ?
Je ne fais pas une fixation sur M. Jean Eyeghe Ndong, il n’est que l’expression la plus récente de cette vague d’hommes et femmes politiques qui font ce qu’on peut appeler le « Mariage de la carpe et du lapin ». L’un vit dans l’eau et l’autre sur terre. Vous comprenez aisément qu’il s’agit ici d’une union mal assortie, contre nature.
Honnêtement, que pensez-vous qu’un gabonais se dit en voyant de telles transhumances politiques si ce n’est que le transhumé a été « acheté » ? On ne peut empêcher une partie des gabonais de raisonner ainsi car nous n’avons vécu que cela durant toute notre histoire politique. Les exemples sont multiples, tout le monde le sait.
De deux choses l’une, soit le parti au pouvoir est fin stratège soit l’opposition est si faiblement convaincue de sa lutte. Pour ma part, j’opterais pour la seconde possibilité. Vous pouvez le vérifier, l’histoire me donne raison.
Ce qui fait un homme/femme c’est l’éducation de ses parents. Politiquement parlant je pense que le peuple gabonais a été mal éduqué. La politique est devenue un moyen plutôt qu’une fin. On nous a montré qu’il faut faire la politique pour avoir du travail, une meilleure place sociale, de l’argent et bien d’autres privilèges.
Quand ferons-nous la politique pour le pays, pour le bien de tous ? Quand défendrons-nous des idées et non des personnes ? Les ambitions personnelles des politiciens passent avant celles de ceux pour qui ils prennent la parole. Je trouve cela très dommageable pour notre démocratie.
L’histoire n’oubliera jamais tous les bâtisseurs de cette pratique politique dénoncée depuis des années.
Barack Nyare Mba
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