La destruction de magnifiques arbres sexagénaires dans un pays qui se veut champion de l’écologie, le déguerpissement des squatters du jardin public des 90-Logements des Trois-Quartiers, dans le 1er arrondissement de Libreville, a donné lieu à de nombreuses supputations et interprétations : ajout du taudis au taudis par la construction de mini-boxs pour le commerce, achat de l’espace par le Libanais Nader Hashem, etc. Il n’en est rien selon des voix autorisées de la Direction générale du patrimoine de l’Etat. Il est question de réhabilitation des logements des fonctionnaires, insalubres depuis des décennies et ayant transformé la zone en coupe-gorge.
On s’étonnait de ce que le restaurant-pâtisserie Paul, situé juste en face, ait fait repeindre, à deux reprises, la clôture de la cité dite des 90 logements aux Trois-Quartiers de Libreville. On a ensuite été estomaqué par le déracinement des arbres datant de plus six décennies et voilant l’insalubrité des immeubles de logements des fonctionnaires. On a déploré qu’au pays chantre de la protection de l’environnement, un si magnifique espace vert ait été détruit plutôt que réhabilité. Dans la zone, les habitants interrogés parlent de la construction prochaine de bicoques en briques à usage commercial. D’autres pointent du doigt le Libanais Nader Hashem, patron de Resto Group dont fait partie l’enseigne française Paul, juste en face. Il se raconte que celui-ci aurait acheté l’espace pour en faire un parking.
Squat, zone d’insécurité…
Il y a en effet que les arbres ont été détruits devant la cité dite des 90 logements des Trois-Quartiers de Libreville, les débits de boissons, épiceries et autres squatters déguerpis et la terre retournée, laissant un paysage pas du tout en phase avec l’esthétique de Batterie IV, le beau quartier résidentiel d’en face. À la vérité et au terme d’une petite enquête, des personnes ressources à la Direction générale du patrimoine de l’État soutiennent qu’il s’agit d’un projet étatique, d’utilité publique, contenu dans la loi de finances et visant la réhabilitation du patrimoine de l’État.
Approchés, des fonctionnaires de la direction générale du patrimoine de l’État rappellent l’insécurité qui régnait à cet endroit. «Ils se sont installés sans autorisation et de manière anarchique. Ils occupaient illégalement le terrain avec les bistrots, empêchant les fonctionnaires des logements publics de se reposer paisiblement après une journée de labeur», indiquent-ils. Préférant l’anonymat, une voix autorisée de cette direction souligne : «l’endroit était devenu insalubre, les bandits s’y camouflaient nuitamment pour braquer les paisibles passants (…) Les gens sous-louaient illégalement ce domaine public. Il est donc temps de remettre de l’ordre».
Futur standing
Le terrain n’a donc pas été vendu à un Libanais. Dans l’administration interrogée et dépendant du ministère du Budget, on explique cependant que des investisseurs ont été chargés du projet à travers un partenariat avec l’État. «L’Etat ne peut plus tout faire, l’Etat providence est fini», laisse entendre la source sous anonymat. La partenaire de l’Etat, dont le nom fera l’objet d’une communication ultérieure, est déjà à pied d’œuvre pour la réfection de l’enceinte. «Il va refaire les aires de jeux, replanter les arbres, sécuriser les lieux», poursuit le haut fonctionnaire.
Le gros du projet repose sur la construction des bâtiments de standing correspondant à celui de la boulangerie-pâtisserie Paul, en face. On y trouvera des espaces à usage commercial dont les locataires des appartements de l’Etat sur cette zone seront prioritaires… pour ceux d’entre eux désirant créer une petite affaire.
«Ce n’est pas parce que l’Etat ne peut plus tout faire qu’on va croiser les bras. Nous nous devons d’être inventifs et créatifs», explique le haut fonctionnaire, précisant par ailleurs que le projet de réhabilitation des logements de l’Etat va s’étendre aux autres cités étatiques. Bonne nouvelle donc pour cette zone ayant enregistré, en juillet 2015, une descente médiatisée conduite Jean Fidèle Otandault alors directeur général du budget et des finances Publiques (DGBFIP), accompagné des hiérarques de la Direction du patrimoine administratif (DPA). Il était alors question de sécuriser d’urgence les biens de l’Etat, notamment la zone ici en question. La disponibilité d’une enveloppe de 11 milliards de franc CFA pour les PME gabonaises avait d’ailleurs été annoncée.
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